Oh ! Une originalité ! Un romancier français qui laisse tomber son bel appartement parisien et son intérieur scandinave, oublie les amours adultères entre Dinard et le 2 ème arrondissement et se dirige vers l'Amérique, celle des états unis autour d'un président encore noir, mais plus pour longtemps. Basta la rue Montorgueil et vive le Dakota ! On gagne au change. Au diable les jolis commerces bien de chez nous, vive les grands espaces !
François Roux pour son quatrième roman ne lésine pas sur les images classiques made in US. Tout y est ou presque : les pick-ups, les armes à portée de main, Dieu dans tous les discours, la vie façon "fureur de vivre", la country, Walmart, ... Mais pour faire plus actuel, il y rajoute, les dernières élections présidentielles qui verront un sale type blond pointer son nez, le pétrole de schiste sensé donner une vraie autonomie énergétique au pays ( et aussi rapporter beaucoup d'argent à pas mal de sociétés et quelques salariés). Voilà pour la toile de fond devant laquelle deux familles vont vivre mais aussi se fissurer, à l'image des sous-sols poreux que des explosions successives rendent certes source de profit mais sans que vienne la question des conséquences. D'un côté nous suivrons Joe et sa femme Sandy au cerveau déjà un peu fêlé mais qui ont su profiter de cette nouvelle manne pétrolière pour s'enrichir et de l'autre Karen, agricultrice luttant contre une précarité rampante et sa fille Lisa, étudiante en écologie. A l'image d'un pays en train de se fracturer lors d'élections, d'un sous-sol tout aussi fracassé par la course au profit et d'êtres que la pollution autant de leur environnement que des têtes mène au bord de la rupture, le roman déploie une belle énergie.
Même s'il utilise tous les codes du grand roman américain, "Fracking" sait rester simple mais efficace, pour une lecture facile mêlant habilement romance et problèmes sociétaux. On sent la chaleur des étés torrides comme le grand froid de l'hiver. On compatit aux malheurs des uns, aux interrogations des autres et surtout il pose une intrigue menée vigoureusement montrant que le combat écologique est loin d'être en phase avec l'économie, autant celle des groupes industriels que celle des êtres.
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