Pawel Pawlikowski a tourné un joli film. Noir et blanc classieux en format carré, images belles et léchées forment l'écrin parfait pour la belle histoire d'amour qu'il nous propose.
Rien de réellement original en apparence sauf que l'ensemble dégage une aura de film d'auteur, en grande partie due à sa sélection à Cannes et à l'obtention du prix de la mise en scène et par sa venue de Pologne. ( l'exotisme supposé étant à nuancer car ce long-métrage est coproduit surtout par la France et la Grande-Bretagne).
Bien sûr, une histoire d'amour se déroulant au temps de la guerre froide et chevauchant les époques ça pose son réalisateur. "Cold War" échappe à la lourdeur inhérente à ce genre de projet. En choisissant une narration linéaire de la vie de ses deux personnages sous la forme de pastilles évoquant les moments passionnés de leur histoire au détriment des ressorts les ayant provoqué, le film gagne en légèreté ( le spectateur habitué aux ellipses temporelles comble aisément les trous). Dans un maelström de musiques et de chansons variées, allant du folklore polonais jusqu'au rock'n roll, soulignant souvent la situation des deux amants, nous sommes en empathie totale avec le couple, magnifiquement caressé par une caméra qui traque le beau plan, la douce lumière qui mettra en valeur les corps, les visages mais également le moindre frémissement.
C'est beau, joliment fabriqué et pensé, agréable à regarder, émouvant et finalement court ( 1h27). Joanna Kulig, l'actrice principale ( à noter une jolie apparition de Jeanne Balibar) chante bien, danse bien, joue bien. Sa beauté crève l'écran. C'est la révélation du film et l'autre atout majeur pour prendre illico son billet.
On sort ravi d'avoir passé un beau moment mais avec la légère sensation que tout cela est peut être un poil trop joli pour toucher profondément... même si ici le caractère ultra photographié de l'ensemble s'avère bien plus pertinent que sur son précèdent film ( "Ida" et ses cornettes si jolies...).
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