3 films en compétition aujourd'hui à Reims, trois films noirs, sombres aux intérêts plutôt divers mais qui montrent bien la diversité que ce genre inspire.
Nous avons débuté après le petit-déjeuner avec un film allemand de Martin Hawie et Laura Harwarth "Future is a Lonely Place" . Bizarrement il débutait par un plan quasi similaire à celui d'hier ( un homme barbu, seul mais avec des traces de sang) et continuait avec la même idée de scénario qui laisse patauger le spectateur dans une histoire où il ne pige pas encore les tenants et les aboutissants. Très vite on comprend que nous serons dans un film en milieu carcéral, genre dans le genre, beaucoup labouré et qui donc exige désormais un sacré talent pour faire décoller le spectateur. Si le premier tiers laisse encore une place à l'espoir, on déchante assez vite l'histoire à base de vengeance pâtine pas mal malgré quelques rebondissement finaux pas vraiment magnifiés par une mise en scène platounette.
Est-ce que l'on attendait d'être étonné par le film kazakh qui suivait ? Pas vraiment ...et pourtant... Réalisé avec trois bouts de ficelles et quelques grosses cordes dans le scénario, "Assault" de Adilkhan Yerzhanov réussit l'exploit de nous faire oublier certaines facilités pour nous plonger dans une délivrance d'otages par un paquet de mâles locaux presque tous machos à la russe qui s'avère être en creux, un petite radiographie de l'état du mâle kazhak. On retiendra notamment une scène de souvenirs d'un personnage ex jeune guerrier sans préparation balancé en Afghanistan qui résonne de façon très forte en ce moment. L'autre point positif de ce film tourné dans le froid et la neige, est de ne pas trop se prendre au sérieux et de tirer le récit vers une sorte de tragicomédie qui a permis d'entendre des rires dans la salle mais de constater également qu'il fut bien plus applaudi que les précédents concurrents.
Nous avons terminé la journée avec un film très attendu "Rhino" de Oleh Sentsov. Le réalisateur n'était pas présent et pour cause, il est ukrainien et évidemment soldat ( commandant adjoint nous dit le programme du festival) pour défendre son pays. Nous avons eu un petit message vidéo ...très combatif.
Le film quant à lui, se déroulant dans une Ukraine des années 90, a pris le public à rebrousse poil. Le récit, cultivant l'ellipse temporelle à foison, sautant d'une scène de violence à une autre tout aussi violente, nous met dans les pas d'un jeune enfant déjà pas mal perturbé. En grandissant sa force physique lui vaudra une place de plus en plus importante au sein d'une mafia locale qui bute, trucide, viole comme d'autres arrachent des radis. Pas aimable, très brutal, "Rhino" n'a rien d'attachant, ne cherche d'ailleurs pas à l'être, montrant un pays où il ne fait pas bon vivre entre la corruption quasi généralisée et des gangs faisant la pluie et le beau temps. Le public est ressorti un peu groggy... espérant qu'en tant que commandant des armées Oleh Sentsov ne met pas en pratique la violence sadique qui jalonne son film.
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