Ce matin, public rajeuni pour la projection du film "Midnight Silence". L'habituelle cohorte de têtes grisonnantes ou de personnes ayant un peu de mal à se hisser jusqu'à la salle de projection située tout en haut de l'Opéraims s'est trouvée mélangée avec une jeune génération attirée par la projection du premier long-métrage du réalisateur coréen Kwon Oh-seung. Allait-on assister à la naissance d'un nouveau Park Chan-wook ( réalisateur de "Parasite") ? Dès les premières minutes, la salle a été happée par l'intrigue à base d'un serial-killer bien sadique et futé s'attaquant ( entre autre) à une sourde-muette. Tous les ingrédients pour faire peur ont été convoqués, des rues désertes sombres arpentées par d'innocentes jeunes femmes sans défense quand elles ne se risquent pas à essayer également les parkings souterrains. On a retrouvé une esthétique toute coréenne, avec un jeu sur les cadrages, sur les lumières et sur les sons ( au final pas si bien exploités que ça). Mais, hélas, le film veut trop rouler des mécaniques et essayer aussi de jouer au chat et à la souris avec le spectateur. Alors il joue la surenchère, le scénario s'enfonce dans les rebondissements peu crédibles qui, involontairement arrache des rires désamorçant tout suspens. D'efficace, on passe à too-much, faisant même passer Séoul ( 10 millions d'habitants) pour un gros bourg de province tant il est facile de croiser ou de retrouver une personne qui fuit.
Changement de continent avec le deuxième film en compétition du jour, qui se déroule en Espagne au fin fond d'une Andalousie montagneuse. Avec un point de départ un poil tiré par les cheveux, ou comment un fonctionnaire de l'administration judiciaire va jouer gros pour assouvir le désir d'enfant de sa compagne. "The Daughter" ( "La Hija" pour son titre original, le festival se pique d'être très anglophone) de Manuel Martin Cuenca va lentement installer un quasi huis-clos dont le suspens psychologique va monter crescendo, allant au bout du bout de ses possibilités scénaristiques. Classique dans sa forme et sa réalisation, le film, sans surjouer les situations, installe une vraie tension qui n'a pas laissé indifférents les spectateurs.
Le dernier film en compétition ce soir nous a fait repartir en Asie. "Are You Lonesome Tonight ?" premier long-métrage de Wen Shipei ne déroge nullement avec l'esthétique asiatique actuelle jouant sur les éclairages urbains ou intérieurs, où une bande son amplifie le moindre bruit tandis qu'une musique extrêmement travaillée accompagne l'ensemble. Sur le thème de la culpabilité d'un jeune réparateur de climatisation qui pense avoir tué accidentellement un homme et va tisser un lien ambiguë avec sa veuve, le film repose sur un scénario dont les ressorts dramatiques jouent avec une vérité qui n'est jamais tout à fait celle que l'on pense. A la fois très esthétique et adoptant un rythme lent ( un vrai film de festival!), il réussit à intriguer et à affirmer déjà un très efficace savoir-faire.
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