Le troisième album de Clio peut être qualifié de gonflé. Imaginez, 10 chansons, qui, dès la première écoute s'engouffrent dans vos oreilles de façon évidente alors qu'il n'y ni Auto-Tune, ni slam, ni phrasé rap, ni production grandiose, grandiloquente, ni sons ciblés radio FM, aucun rythme chaloupé, aucune rythmique techno, disco, électro, juste quelques claviers simples. Rajoutons une voix limpide de fragilité, juste ( une qualité, plus proche de Jane Birkin que de Céline Dion, qui ne s'amuse pas à faire des effets et ne ferait donc retourner aucun membre de "The Voice" chantant des textes fluides, ni militants, ni parlant d'amoooouuuur avec des trémolos dans la voix mais juste d'une vie amoureuse faite de doutes, de séparation, de solitude, de petits chagrins, de petits bonheurs. Ouais, bof, me direz-vous, de la guimauve sans relief, on passe !! NON et NON, on ne passe pas, on se laisse attraper par la main, et l'oreille bien sûr, et on déguste ce qui est sans conteste l'album le plus culotté du moment à cause de ce minimalisme totalement assumé ( "Dans mes chansons , il n'y a jamais grand fond, que nos inclinations" chante-t-elle dans "L'amour, hélas" qui donne le titre à cet opus).
Minimaliste peut être, mais évidemment talentueux, car Clio, autrice, compositrice, interprète, confirme son grand talent de mélodiste. Elle n'a pas son pareil pour mettre en musique le spleen d'une jeune trentenaire ( "Ai-je perdu le Nord ?" ou "Elle voudrait" ) ou ses amours contrariées que ce soit à Prague, à Berlin ou ailleurs, proposés ici comme un voyage nostalgique mais jamais tragique ni triste, juste effleuré avec pudeur et une douce poétique touchante et rêveuse. La voix cristalline de Clio enveloppe ses compositions avec grâce et subtilité. Elle pourrait être cette copine un peu réservée, cette amie pudique à la contemplation créative. Et si vous avez quand même encore un doute, sachez juste que dans cet album figure un duo de la chanteuse avec ... Iggy Pop ! Clio voulait une voix grave avec l'accent anglais pour l'accompagner sur son titre "L'appartement". Son producteur a eu le culot d'envoyer une maquette à la star qui, bien que ne connaissant pas Clio, fut totalement séduit par la chanson ( inspirée d'un poème de Francis Carco et à la mélodie magnifique) et l'enregistra. Il a du goût Iggy et on peut espérer que cela mettre un coup d'éclairage sur cette chanteuse qui occupe une place bien particulière dans notre chanson hexagonale.
Clio accompagnera avec douceur notre époque trop portée sur le clinquant, les gros bras, les grosses machines, les grosses voix. Clio, c'est la caresse d'une chanson paisible pour rendre nos vies plus douces.
Clio apparaît comme sa couverture d'album, tel un arc en ciel! Quand tout vous parait gris, elle réussit à vous surprendre, vous émerveille, éclaircit vos vies; vous transporte au delà des nuages vers une sorte de paradis.
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