Une vieille maison de famille, un retour dans cette dernière, des souvenirs qui resurgissent, des faits nouveaux qui viennent donner une autre facette à des anciens aujourd'hui disparus, c'est le point de départ du dernier roman de Marie Sizun. Avouons-le, rien de bien emballant avec ce descriptif, cette plongée les poussières d'une histoire familiale a déjà été utilisé des milliers de fois en littérature. `
Cependant, c'est une spécialiste des histoires de tribus à secrets qui est à la plume et ça se sent. En faisant mine de placer au départ son récit dans le genre policier, Marie Sizun accroche le lecteur. Et si par la suite le cadavre découvert aura moins d'importance, on s'en passe aisément car nul besoin de ce ressort pour désormais tourner les pages, contre vents et marées, le lecteur se retrouve collé aux basques de l'héroïne qui n'a rien pour séduire ( l'autrice aime les défis!). Elle nous harponne avec une sorte de vieille fille approchant la cinquantaine, solitaire, sans guère de vie sociale, encore moins de vie amoureuse, pas toujours sympathique. Mais cette personne, à l'automne de sa vie, aussi grise que la mer de cette Bretagne endormie du mois de novembre vide de toute animation estivale, par la grâce d'une écriture fluide et inspirée, existe diablement et nous émeut autant qu'elle nous intrigue. On la suivra dans les méandres d'une mémoire qui remettra à jour des moments pas toujours glorieux et révélera une cellule familiale à la toxicité inquiétante.
"La maison de Bretagne" n'est pas qu'une plongée dans un passé assez traumatique mais aussi le récit d'un ciel gris breton qui sait utiliser la brise marine pour déchirer les nuages et laisser entrevoir quelques rayons lumineux, éclaircie autant météorologique que psychologique pour notre héroïne. Et même si le dernier quart du roman semble un poil convenu, on ne regrette pas une seconde cette promenade passionnante dans le Finistère. Un peu à la façon de romancières anglaises spécialisées dans le récit de dames entre deux âges célibataires (genre Anita Brookner aujourd'hui, hélas, un peu oubliée), Marie Sizun donne à son récit, que certains pourrait ressentir comme suranné, un formidable élan à la fois doux et salé, à l'image de cette région de France aussi romanesque que belle.
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