Pour un premier essai à la réalisation, Viggo Mortensen assure derrière et devant la caméra, au scénario, à la musique, à la production .... bref si on a des choses à dire sur "Falling", adressons-nous directement à cet homme orchestre.
Cher Viggo,
Je sors de votre premier film. Je ne m'y suis pas ennuyé, mais, je l'avoue, j'ai eu un peu de mal à bien saisir où vous vouliez m'emmener. Je me questionne donc sur le pourquoi de ce face à face entre ce père ignoble, odieux et ce fils d'une grande placidité face aux insultes incessantes qu'il encaisse. Sont-ce vos origines scandinaves qui vous font lorgner vers une sorte de "Sonate d'automne" au masculin ? Est-ce un film plus personnel sur vos rapports familiaux ? Peut être...
En tous les cas, à l'écran, j'ai pu apprécier cette mise en place soignée ( classique?) de l'histoire, ces allées et venues entre un présent disons inconfortable d'un fils devant supporter la sénilité et le caractère acariâtre d'un père et un passé évidemment traumatique avec un même paternel déjà très dur et aux idées définitives et assurément sans aucune fluidité ( comme on dit de nos jours). J'admire le contre emploi de votre rôle d'homosexuel, dans lequel vous êtes, comme quand vous jouez les héros machos, parfait. Je remarque la parfaite direction d'acteurs. Evidemment Lance Henriksen est tout simplement génial dans le rôle de ce père que l'on ne souhaite à personne mais, les seconds rôle ont tous une jolie (toute petite) partition à jouer, notamment Laura Linney, très émouvante dans le rôle de la soeur désemparée. Mais...oui, il y a un mais cher Viggo, pourquoi, dans la deuxième moitié du film, ai-je ressenti comme une grosse hésitation quant à la direction à donner à votre film? Les scènes passées ou présentes semblent se répéter, confirmant la violence d'un père dont on ne pourra rien tirer et l'extraordinaire patience du fils dont on se dit qu'il aurait très bien pu laisser son odieux géniteur moisir et mourir de son cancer dans sa ferme isolée au fin fond du pays. Ai-Je donc assisté à une énième ode à la famille pour laquelle on doit se sacrifier pour rester moral ? Ou une sorte d'entre-deux psychologique dont le film se fait le témoin sans vouloir trancher ? Peut être que votre personnage, cher Viggo, reste toutefois un peu trop taiseux. Certes, il fronce bien le sourcil ou les lèvres se pincent joliment sous les insultes, mais que pense-t-il vraiment, au fond de lui ?
C'est donc avec un sentiment mitigé que je suis sorti de la salle de cinéma. Bien mis en scène, superbement joué, il manque peut être à "Falling" une réelle montée dramatique et un point de vue un peu plus net pour emporter l'adhésion.
Ceci dit, cher Viggo, pour un premier film, vous ne déméritez pas et j'ai donc hâte de voir comment vous allez rebondir lors de votre second long-métrage...
Très cordialement
Sans connivence
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