Joe la pirate, c'est Marion Barbara Carstairs, un riche anglaise devenue ensuite l'héritière de magnats du pétrole ( ses grand-parents vivant aux Etats-Unis). Ici en France, son nom ne dit rien à personne, et pourtant... quelle vie !
C'est le scénariste Hubert ( aujourd'hui hélas décédé et dont c'est sans doute le dernier scénario) qui jette un projecteur sur ce personnage haut en couleurs et qui nous offre ce qui est désormais la première biographie publiée en France. Biographie n'est pas exactement le mot, car, comme le dit la postface, plutôt une évocation créée librement à partir de faits véridiques.
Ceux qui ont aimé "Peau d'homme" ( album précédent d'Hubert mis en dessins par Zanzim) ne seront pas dépaysés. "Joe la pirate" continue d'explorer l'univers queer. Joe/Barbara est une femme, lesbienne affirmée et revendiquée dans une époque pas encore très ouverte sur l'homosexualité et qui s'est durant toute sa vie habillée la plupart du temps en homme. Evidemment, quand on est riche, on peut se permettre d'être originale et d'afficher une vie comme bon nous semble. Joe multipliera les conquêtes féminines, pas toujours avec l'employée du coin. A son tableau de chasse impressionnant on trouve autant la nièce d'Oscar Wilde que Marlène Dietrich. Ma sa vie ne résume pas qu'aux splendides créatures qu'elle a mis dans son lit. Sa fortune lui a permis ( entre autre) de devenir un pilote de hors bord de compétition mais aussi d'acheter et de régner sur une île des Bahamas.
Véritable excentrique qui a dû pas mal décoiffer ses contemporains, Joe, sous le dessin très inspiré de Virginie Augustin, revit une seconde fois tellement le trait épouse l'énergie de son personnage. C'est un très beau noir et blanc, avec une petite inspiration nord américaine bienvenue (style Daniel Shelton l'auteur des strips Ben) qui épouse à merveille et l'époque et le côté un poil nostalgique de cette histoire.
"Joe la Pirate", par sa maîtrise, la force d'un scénario imparable et l'extraordinaire vie de cette Barbara/Joe, risque de remporter le même succès que le fameux "Peau d'homme". Ce ne sera que justice !
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