Qui aurait pu imaginer qu'un premier film venant du Pakistan ( !!!) puisse infliger une telle claque aux centaines de films déferlant sur nos écrans depuis des mois et à nous spectateurs français ? "Joyland" s'annonce d'ors et déjà comme un grand film qui fera date. Ici, tout est réussi, image, interprétation, regard de cinéaste et surtout scénario. Quelle audace, quelle liberté, quelle intelligence !
Le film a été vendu comme un peu sulfureux, en mettant en avant la relation d'une homme marié et d'une trans. Comme toute publicité, cela est trompeur, car dans le film, ce n'est pas le vrai sujet. Sa force vient en partie du fait que cette relation est présentée comme normale. Le héros tombe amoureux et qu'importe la personne. Cela aurait pu être une autre femme, un homme, ici c'est une trans, point final. L'enjeu du film se situe ailleurs, dans la place des hommes dans cette société éminemment patriarcale. Là, Sahim Sadiq, déploie son talent, de scénariste, de réalisateur ( d'auteur donc) en se montrant on ne peut plus ouvert. Le sujet se prêtait à quelques personnages méchamment caricaturaux, jamais c'est le cas ici. Chacun à droit à un regard on ne peut plus juste, avec ses certitudes mais aussi les failles qui vont s'entrouvrir durant cette histoire. Tous les personnages sont magnifiquement filmés et interprétés, en douceur, mais également en profondeur, avec une élégance de mise en scène remarquable.
La maîtrise d'un scénario dont l'intensité va crescendo, happe le spectateur durant deux heures ( même si, par-ci par-là, quelques petites longueurs peuvent apparaître) et donne une vraie leçon à toute ces productions inabouties que l'on voit habituellement. Un des très grands films de 2022 ( puisque sortie fin décembre).
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