Si l'on regarde en journée les spectateurs des salles ( quasi toutes archi pleines) du festival Premiers Plans, le CNC doit sourire de satisfaction, on compte 75% de jeunes de moins de 20 ans ( merci les profs des lycées et autres écoles de cinéma de France et de Navarre) et 25 % de retraités ( ils ont du temps et encore de l'argent). Ce mix générationnel donne une ambiance unique à ce festival, on tape des mains très forts sur la bande annonce du festival, on rit plus bruyamment quand il faut rire, on hurle carrément quand on a peur ( réveillant ainsi quelques têtes grises) et surtout, on donne haut et fort son avis en sortant des projections. Ainsi, après le cultissime "Vertigo" d'Hitchcock, nombre de lycéens clamaient s'être ennuyé, trouvant ça trop long ou l'intrigue invraisemblable, se moquant de la bien-pensance cinéphilique de leurs profs ( qui allaient sans doute recadrer tout ça bientôt). Ce sont également les mêmes qui ont porté aux nues un court-métrage grec ( "Under the Lake" de Thanasis Trouboukis) minimaliste et très "regarde mon plan fixe de bout de bois sous la pluie comme il procure une émotion" ( très en vogue dans les écoles de cinéma) prouvant ainsi que non, ils ne sont pas tous accros aux films montés comme des clips.
Mais si tout le monde se déplace en foule à Angers, c'est bien pour découvrir de nouveaux talents. Comme d'habitude la sélection est pointue, éclectique, variée, donnant ainsi, comme chaque année, un panorama très intéressant de la jeune création cinématographique.
Dans la sélection officielle, nous en sommes à mi-parcours et, si le cru n'a sans doute pas encore donné tout son arôme, laissant espérer encore une vraie révélation, reconnaissons que les 5 films présentés ne déméritent pas. Tous font preuve d'une belle technicité, d'une jolie maîtrise mais labourent toujours un peu trop des sujets autobiographiques ou déjà maintes fois traités. Ainsi la fraternité ( ici littérale entre deux frères) est le sujet de "Chevalier noir" film franco/irano/allemand de Emad Aleebrahim-Dehkordi et "Nos cérémonies " du français Simon Rieth. Si le premier pêche par un scénario assez convenu que n'arrive pas à masquer une jolie mise en scène, le second, lui, retient l'attention par une idée scénaristique originale, une image travaillée mais n'échappe pas à quelques longueurs inutiles. On nous a parlé aussi de bobos trentenaires madrilènes et de leurs amours dans "Ramona" de l'espagnole Andréa Bagney, hommage appuyé à Rohmer ( en plus pêchu) ou à Mouret ( plus énervé), film bavard donc et qui tient grâce à la tchatche de son actrice principale Lourdes Hernandez. Un poil plus politique et réussi, le film français "Fifi" de Jeanne Aslan et Paul Saintillan, s'attaque avec beaucoup de justesse, de sensibilité et d'humour aux différences de classe et tire son épingle du jeu grâce à un bon scénario et à ses deux comédiens Céleste Brunnquell et surtout Quentin Dolmaire qui livre une interprétation qui devrait faire date dans sa carrière. Mais pour le moment, le film qui a le plus impressionné est sans doute "Aftersun" de l'anglaise Charlotte Wells, qui contrairement à ses autres confrères en compétition a choisi une narration plus personnelle et moins classique, parvenant avec un cinéma fait de petits détails à dresser le portrait magnifique d'un jeune père divorcé en vacances en Turquie avec sa fille de 11 ans. Même si le film souffre d'un quart d'heure de trop ( en retardant l'arrivée du film dans son vrai sujet), l'émotion était là, forte, et les chemins pris pour y amener le spectateur franchement originaux. Du vrai cinéma créatif !
Dans la sélection officielle, nous en sommes à mi-parcours et, si le cru n'a sans doute pas encore donné tout son arôme, laissant espérer encore une vraie révélation, reconnaissons que les 5 films présentés ne déméritent pas. Tous font preuve d'une belle technicité, d'une jolie maîtrise mais labourent toujours un peu trop des sujets autobiographiques ou déjà maintes fois traités. Ainsi la fraternité ( ici littérale entre deux frères) est le sujet de "Chevalier noir" film franco/irano/allemand de Emad Aleebrahim-Dehkordi et "Nos cérémonies " du français Simon Rieth. Si le premier pêche par un scénario assez convenu que n'arrive pas à masquer une jolie mise en scène, le second, lui, retient l'attention par une idée scénaristique originale, une image travaillée mais n'échappe pas à quelques longueurs inutiles. On nous a parlé aussi de bobos trentenaires madrilènes et de leurs amours dans "Ramona" de l'espagnole Andréa Bagney, hommage appuyé à Rohmer ( en plus pêchu) ou à Mouret ( plus énervé), film bavard donc et qui tient grâce à la tchatche de son actrice principale Lourdes Hernandez. Un poil plus politique et réussi, le film français "Fifi" de Jeanne Aslan et Paul Saintillan, s'attaque avec beaucoup de justesse, de sensibilité et d'humour aux différences de classe et tire son épingle du jeu grâce à un bon scénario et à ses deux comédiens Céleste Brunnquell et surtout Quentin Dolmaire qui livre une interprétation qui devrait faire date dans sa carrière. Mais pour le moment, le film qui a le plus impressionné est sans doute "Aftersun" de l'anglaise Charlotte Wells, qui contrairement à ses autres confrères en compétition a choisi une narration plus personnelle et moins classique, parvenant avec un cinéma fait de petits détails à dresser le portrait magnifique d'un jeune père divorcé en vacances en Turquie avec sa fille de 11 ans. Même si le film souffre d'un quart d'heure de trop ( en retardant l'arrivée du film dans son vrai sujet), l'émotion était là, forte, et les chemins pris pour y amener le spectateur franchement originaux. Du vrai cinéma créatif !
Cependant, c'est dans la compétition parallèle intitulée "Diagonales" que l'on a découvert sans doute le film le plus enthousiasmant de ce début de festival. Non, ce n'est pas "Astrakan" du français David Depesseville, film autour de violences familiales qui pâtit d'un scénario mal fichu que la mise en scène tellement classique n'arrive pas à faire oublier mais bien le film Suisse de Cyril Schaublin "Unrest" . Attention, nous ne sommes pas dans un film mainstream, mais bien dans une oeuvre comme en voit rarement sur les écrans. Le réalisateur nous conte la vie d'une poche d'anarchistes dans un village Suisse au 19 ème siècle et que l'industrie horlogère qui emploie cette population essaie de pousser vers une économie ultra libérale inspirée du taylorisme. Dit de cette façon on pense film politique rude. Politique oui, mais avec une mise en scène extraordinaire, des cadrages d'une beauté hallucinante et le tout avec une douceur Suisse étonnante. Un film qui vous grandit, vous fait réfléchir et vous fait aimer le cinéma !
Quelques mots des courts-métrages en compétition : les jeunes réalisateurs français sélectionnés se montrent très narratifs et classiques. Dans le lot une pépite pleine de charme, alliant sens de la mise en scène, du dialogue et deux jeunes comédiens qui créent un duo de comédie assez inédit à l'écran. Je parle de "Ville éternelle" de Garance Kim qui, s'il n'obtient rien à ce festival, serait une grosse injustice. Côté courts-métrages étrangers ( pas encore tous projetés) le documentaire anglais "Haulout" réalisé par Evgenia Arbugaeva et Maxim Arbugaev sur l'échouage de milliers de morses en Sibérie a fait très forte impression.
"Unrest" sortira en France le 12 avril prochain sous le titre "Désordres".
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