vendredi 1 janvier 2016

Mariages de saison de Jean-Philippe Blondel



Il est de ces auteurs que l'on prend plaisir, au fil des parutions, à retrouver comme un vieil ami. Jean-Philippe Blondel possède ce pouvoir de nous embarquer dans ses livres comme s'il lisait dans nos pensées, qu'il épousait nos émotions fugitives ou nos regards sur le monde d'aujourd'hui. Sans jouer les gros bras de la littérature, sans jamais la ramener à la façon de ceux qui écrivent pour un landerneau littéraire bien pensant, il continue à publier des romans simples et ...bienveillants ( même si j'hésite à écrire ce terme , galvaudé en ce moment par un usage à toutes les sauces bien-pensantes de discours se voulant rassurants, celui-ci convient très bien à son univers ). Oui, il y est question de sentiments forts et humbles, comme l'amitié, l'amour, ... Mais, malgré ce que pourrait laisser croire la couverture de "Mariages de saison", très peu de gnangan là-dedans, ce n'est pas le style de la maison, j'y ai même décelé un peu plus de mordant que d'habitude ( ou cela m'avait échappé lors des précédents livres).
Corentin, vingt-sept ans, beau gosse n'arrivant pas à garder une copine plus de six mois, est vidéaste, officiant les samedis à filmer des mariages du lever de la mariée à son coucher. Avec ses week-ends constamment pris, avoir une vie amoureuse et sociable stable dans un monde conformiste est compliqué. Pas de courses au centre commercial dans la périphérie, pas de repas entre amis le samedi soir, ni même de sorties en boîte de nuit ( y'en a encore qui y vont ? ), juste une présence aussi discrète qu'indiscrète au milieu d'une salle surchauffée et souvent avinée, pour saisir ces instants qui, avec le temps, continueront à être les bribes sérieusement bricolées du "plus beau jour de ma vie ". Corentin assiste à ces naufrages programmés, ces vies simples et téléguidées par un conformisme sociétal mais aussi, parfois, à l'union voulue et raisonnée de deux personnes aux sentiments réels. Et c'est tout le problème de ce jeune homme qui se trouve confronter à cette illusion de bonheur. Ses propres doutes, ses envies aussi, l'assaillent et lui font prendre conscience que sa vie est en train de se barrer en sucette. Heureusement, il a une caméra, compagne fidèle et dont l'utilisation pour des portraits intimes lui servira de tremplin ...
"Mariages de saison " fait partie de ces livres qui font du bien, qui ne prend les lecteurs ni pour des critiques des Inrocks à satisfaire avec des thèmes soi-disant branchouilles, ni pour des avaleurs de romans formatés racontant au fond toujours la même histoire. L'empathie de l'auteur pour ses personnages, la fluidité de son écriture ne l'empêchent pas d'avoir un regard affûté sur le monde qui nous entoure. On peut certes trouver ici,  un rebondissement un peu balourd, là une référence facile à Soderbergh et une fin un tantinet trop rose, qu'importe ! L'essentiel est ailleurs, sans doute dans ce sens inné du récit, cette apparente simplicité à nous toucher, à se rapprocher de notre quotidien tout en l'éclairant avec un récit tout en rondeur et en délicatesse.  On lit jean-Philippe Blondel parce que l'on sait qu'il est de bonne compagnie, qu'il prend autant soin de ses lecteurs que de l'écriture de ses livres. Et ça fait du bien ....



5 commentaires:

  1. Blondel est u. Auteur que on sent sincère dans chacun de ses romans. J'ai hâte de découvrir celui-ci.

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  2. il me tarde TELLEMENT! pus que 5 jours!!!

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  3. PS: As tu lu "et rester vivant" de Blondel? J'en suis encore émue !

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  4. Ca y est! Fini;-) pas mon préféré, mais un tres tres bon moment.

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  5. Magnifique description des sentiments, détails précis du langage amoureux non verbal qui nous emporte dans une lecture des plus agréables. am

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