samedi 1 septembre 2018

Guy de Alex Lutz


Quasiment un genre en soi, le faux documentaire au cinéma n'est pas une originalité, " Zelig", " Le projet Blair Witch", " Borat", en témoignent. Cependant, en cultivant un côté jusqu'au boutiste, "Guy" surprend dans la production française actuelle. Ni vraiment une parodie, ni vraiment une comédie, le film réussit le pari finalement audacieux d'emporter le spectateur dans une fausse réalité. Parviendra-t-il  pour autant à attirer en salle les spectateurs, à l'intéresser au portrait d'un chanteur en fin de carrière, qui a connu un petite gloire dans les seventies avec des chansonnettes ringardissimes ? On peut l'espérer, car il possède un atout de choix : la double performance de son acteur/ réalisateur (et co scénariste) Alex Lutz.
En Guy Jamet ( c'est le nom de ce mix entre Michel Sardou sans son passage chez un carrossier/visagiste et Herbert Léonard), il se révèle excellentissime ( mention spéciale aux maquilleurs( euses) ), incroyablement crédible. ( Comme à la télé en fait où il se fait totalement oublier dans son personnage de Catherine ). Alex Lutz a soixante quatorze ans sans problème !
En réalisateur, il ne faillit pas non plus. Tout apparaît véridique, des tournées un peu minables ( mais aux fans ménopausées ou andropausés hystériques) dans les salles polyvalentes Michel Colucci, aux tours de chants réglés pour réduire les déplacements mais mettre en  avant ses yeux bleus et sa crinière blanche, du plateau culcul la praline de Michel Drucker aux extraits d'émissions de variétés des années Maritie et Gilbert Carpentier, rien n'est laissé au hasard, chaque détail pensé et sans que cela évoque une seconde la reconstitution.
"Guy" serait donc un film parfait ? Presque... Car malgré cette excellence dans la mise en scène, cette belle mécanique ronronne un peu et le semblant d'histoire ( le réalisateur du documentaire est un fils dont le chanteur ne connaît pas l'existence) tout comme cette idée de réhabiliter ce personnage qu'une première partie nous avait fait apparaître comme un gros beauf imbus de lui-même, ne suffisent pas à empêcher une petite baisse d'intérêt passée la première moitié du film. Peut être aussi, qu'Alex Lutz a voulu se faire un peu trop plaisir, prouver qu'il savait aussi chanter ( pas plus mal que beaucoup) et du coup s'en donne un petit peu trop à coeur joie.
Cependant "Guy" , par sa parfaite illustration d'un certain show bizz mérite le détour  et prouve qu'après le sympathique "Le talent de mes amis", Alex Lutz passe vraiment le cran au-dessus.


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