mercredi 26 décembre 2018

L'homme fidèle de Louis Garrel



Film chic de la semaine qui émoustille les rédactions des journaux, de Gala aux Cahiers de Cinéma, "L'homme fidèle" joue sur tellement de tableaux qu'il est impossible que chaque spectateur n'y trouve pas son compte.
Première strate : Des peoples s'essaient au marivaudage amoureux. Le couple à la ville, Garrel/Casta, accompagné de Lily-Rose Depp ( la fille de...), aidés de Jean-Claude Carrière pour les dialogues, parviennent sans problème à faire passer leur improbable histoire. On accepte les ficelles de ce triangle amoureux car règne un joyeux esprit ludique accentué par le ton et l'allure de Louis Garrel, figure centrale du récit, épatant avec son air à la fois un peu perdu mais rieur. Comme cela ne dure qu'une heure quinze, on n'a pas le temps de se lasser, ni de trop remarquer les ficelles scénaristiques qui, s'y l'on veut s'y pencher un petit peu, ne brillent pas par leur finesse. Mais les habitués des gazettes prennent agréablement des nouvelles de Mlles Casta et Depp et les cinéphiles repèrent les clins d'oeil de Garrel fils ( et petit fils) au cinéma d'auteur. Tout le monde est content et sort de la salle pas déçu.
Deuxième strate du film : Que nous dit-il des couples de 2018 ? De la femme ? De l'homme ? De leurs rapports à l'ère Mee Too ? On peut être tenté de dire beaucoup de choses, tellement l'homme apparaît ici comme un objet dans les mains de femmes qui elles vont jusqu'au bout de leurs envies. Abel, joué par Louis Garrel, pas harceleur pour deux sous, n'a aucun domicile à lui et vit quasi au crochet des dames, tout du moins pour ce qui est de sa couche. Ballotté au gré de leurs désirs, il ira, sans aucune gêne ni amour propre, poser ses sacs chez l'une ou l'autre. L'amour y apparaît pour lui comme une sorte d'état simple répondant plus à un confort personnel qu'un fort sentiment. Du moment que j'ai un toit, j'aime. Pas compliqué donc. Une certaine douceur émane de lui comme de chez ces copines qui, elles, toutefois, s'avèrent un poil plus retorses voire dominatrices. On a l'impression que les femmes mènent enfin le jeu face à des hommes totalement à leur merci. Ce côté plaisant à regarder, s'inscrit dans un univers totalement décalé, irréel même, le film, à l'image de son ton sautillant , se résume surtout à une petite fantaisie que le public dégustera comme une friandise.
Pas prise de tête, gentiment mis en scène, " L'homme fidèle"  remplit bien sa fonction de produit surfant sur le glamour et la légèreté.



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