lundi 3 décembre 2018

Origines par le cirque Alexis Gruss


En 2018 le cirque est devenu un spectacle aux formes variées. Il est loin le temps des numéros avec fauves, magiciens, clowns ou trapézistes en habits pailletés kitschs, le cirque du soleil,  le cirque Plume ou Johann Le Guillerm entre autres ont sérieusement dépoussiéré les choses, aidés par la création de nombreuses écoles du cirque et l'apport de la danse contemporaine. Il reste cependant quelques grands noms qui continuent vaille que vaille à perpétuer la tradition tout en cherchant à renouveler un tant soit peu le genre.
Alexis Gruss est l'un de ceux là et son cirque, créé il y a plus de quarante ans avec la collaboration de Sylvia Montfort, continue à nous proposer ses spectacles à Paris porte de Passy ou en France avec sa tournée des Zénith. Le dernier spectacle, "Origines", rompt effectivement avec la tradition en se faisant historien et évoquant les débuts du cirque en Angleterre sous la houlette de Philip Astley. Au 18ème siècle, les seuls numéros de dressage un peu spectaculaires que l'on proposait au public ( il devait bien y avoir quelques chiens savants mais un toutou jonglant avec une balle sur le museau ne suscitait sans doute pas l'émerveillement du public), c'était les chevaux ! Et ça tombe rudement bien pour la famille Gruss, en pleine période d'opposition à l'utilisation des animaux sauvages dans les spectacles, les chevaux sont leur spécialité !


Dresseurs, écuyers, voltigeurs ( mais aussi musiciens, acrobates, clowns, jongleurs, businessmans), les trois générations de la famille Gruss nous offrent un spectacle haut en couleurs et en émotions. Leur savoir-faire auprès des chevaux tient de l'évidence quand on les voit virevolter, assis, debout, sur de magnifiques chevaux, purs-sangs espagnols pour la plupart mais aussi Cob normand ( un genre de percheron en plus fin), dans les nombreux tableaux ( on ne parle plus de numéros désormais !) mettant autant en avant l'histoire du cirque que leur propre histoire familiale faite de transmission. Alors que dans la société les enfants de médecins deviennent de moins en moins médecins, chez les Gruss, on perpétue toujours la tradition. Trois générations se côtoient sur scène, apportant chacune son lot de sensations et de performances, pour certaines à couper le souffle.


On restera longtemps émerveillé par le tableau final de la première partie où, Charles Gruss, debout sur deux chevaux, en fait passer 15 autres l'un après l'autre entre ses jambes pour créer un carrousel magnifique, faisant oublier la difficulté de la chose mais surtout sentir autant la maîtrise d'un savoir-faire unique que le souffle intense de l'amour pour les chevaux et le spectacle !


Plus tard aussi, un tableau d'acrobatie au bout d'une sangle fera frissonner le public aussi bien par la grâce de l'ensemble que par la dangerosité de l'exercice ( Encore un Gruss, Firmin,  accompagné de Svetlana).  Nous sommes en live, pas à la télévision et, ces deux êtres vivants évoluant  au dessus de nous, se tenant parfois juste avec une main ou un pied coincé dans une jambe repliée, susciteront une émotion que bien des effets numériques ici ou là seront bien incapables d'obtenir. 


 "Origines", en plus de son petit aspect historico/pédagogique, c'est du vrai cirque mais avec quelques petites nouveautés, qui, si elles n'apportent pas vraiment un plus à la magie toujours réelle d'artistes ou d'animaux évoluant sur cette piste, lui donnent un côté plus contemporain. On pourra apprécier selon son goût pour la chanson, cette récitante/chanteuse qui accompagne le spectacle mais moins que le formidable orchestre de 10 musiciens. On pensera aussi que si les costumes ont éliminé les paillettes, leur modernisation n'évite pas le kitsch avec l'emploi de leds ou d'imprimés improbables. Mais tout cela n'est que broutilles face aux 2h30 de vrai spectacle que nous offre la très talentueuse famille Gruss. Elle parvient à nous faire oublier les années de travail qui permettent d'obtenir ces performances insensées réalisées tous les soirs. 
Entre magie et émotion, on retrouve, l'espace d'une soirée, l'émerveillement de l'enfance.







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