La quatrième de couverture nous accueille avec ces deux phrases extraites du roman : " Lorsque quelqu'un est aussi discret que moi, personne n'imagine qu'il puisse avoir un tempérament passionné.Mais -je sais mieux que personne- il ne faut pas juger un livre à sa couverture." Cette entrée en matière fait sitôt retourner l'ouvrage par le futur lecteur. La photo, façon Sarah Moon, empreinte de douceur ( voire gnangnan) qui n'est pas sans rappeler l'atmosphère du précédent roman de Julia Kerninon ( Le dernier amour d'Attila Kiss), dont la belle écriture ne parvenait pas à cacher un montage un peu déroutant, laisse penser à un récit fait pour plaire à une lectrice au célibat forcé. Vous rajoutez un titre aux consonances vaguement religieuses, un énième récit d'une histoire d'amour et l'on peut reposer, agacé, le livre sur la pile et se diriger vers autre chose... Hé bien , vous aurez tort !!! Grandement tort ! Derrière cette avalanche d'effets repoussoirs que l'on peut compléter avec une héroïne fille d'ambassadeur ( encore les tourments des nantis!), se cache en fait, un des meilleurs romans de cette rentrée!
Quelle force romanesque se dégage de ces courts chapitres ciselés par une désormais grande orfèvre du style! L'histoire de cette amitié amoureuse, de cette passion qui ne dit pas son nom, aurait pu sombrer dans la banalité. Mais, Julia Kerninon, parvient avec cette troisième livraison à concilier une écriture digne des plus grands avec un récit formidablement agencé qui emporte son lecteur sans jamais faiblir. Tout est juste dans cette évocation d'une vie dont l'apparence ordinaire cache mille sentiments forts ( pas forcément les plus nobles). Tout est admirablement décrit, de la chaude Rome à la froide Amsterdam, de l'ascension d'un artiste-peintre à la ferveur contenue d'une femme amoureuse mais discrète. Le lecteur se trouve enlacé dans des mots, des phrases dont la pertinence rivalise avec l'évidente imagination d'une romancière qui soudain, se hisse au plus haut. On avait pressenti cet envol mais là, on est cueilli par autant de perfection.
"Ma dévotion" apparaît donc comme le roman à découvir cette fin d'année avant qu'il ne quitte les étals des libraires, chassé par la rentrée de janvier. Pour tous les amateurs de romanesque, de belle écriture et pour tout ceux qui aiment se laisser porter par une plume talentueuse uniquement mise au service d'une bonne histoire.
Merci de rappeler l'existence de ce dernier Kerninon,qui était resté pour moi aussi discret que sa page de couverture....
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