jeudi 25 juin 2015

Les mille et une nuits Volume 1 : L'inquiet de Miguel Gomes


Ne cherchez pas dans le dernier Miguel Gomes une adaptation moderne des mille et une nuits, vous risquerez de remiser bien vite vos parfums d'Arabie. Si le réalisateur emprunte le titre et vaguement la trame du célèbre conte oriental, c'est uniquement parce que,dépassé par son manque d'inspiration pour filmer le combat des ouvriers licenciés des chantiers navals et l'invasion de guêpes asiatiques, il décide de fuir le tournage et de laisser aller son imagination pour raconter en histoires, la dureté d'un Portugal mis à genoux par les institutions européennes et le FMI.
Dès le début, le film s'annonce libre et foutraque, laissant de côté le documentaire politique et militant pour emprunter les sentiers d'une narration décousue et inventive. Son maître mot semble être : Au Portugal, on n'a pas de thunes mais on a des idées! Et effectivement, pour pallier à ce manque de moyens évident, assez visible à l'écran, tout sera bon au réalisateur pour essayer de le contourner. Les soi-disant contes seront décalés, Grivois pour le premier avec ses financiers atteints de priapisme pour leur grand bonheur d'impuissants notoires. Fantastico/fantaisiste pour ce coq au chant énervant dont le dialogue avec un juge parlant "poulet" permettra de prévenir d'une malédiction. Généreux et proche du documentaire pour ces " magnifiques", les mêmes ouvriers du début qui bravent le froid d'un premier janvier pour une baignade solidaire et médiatique dans un océan aussi gris que l'espoir d'un population mise à l'écart du système libéral. A ces histoires, viendront se rajouter des idées rigolotes ou agaçantes, c'est selon. Des enfants joueront des adultes, on parlera de multiples langues, on verra s'inscrire en français des SMS bourrés de fautes ou d'abréviations, une baleine échouée explosera, ... tout cela jouant métaphoriquement avec la situation de ce pays lors du tournage.
Ce bric à brac cinématographique est sympathique, généreux même ...mais dire que j'ai été passionné serait mentir. Un peu lourdingue, un peu étiré aussi, l'ennui s'invite par moment, donnant au spectateur l'impression d'un projet proche de l'amateurisme. Mais il est quand même difficile de faire un sort à ses mille et une nuits, tellement la ferveur et l'ambition du projet force la sympathie. Boursouflé, empesé , pesant, le film parvient pourtant à étonner et à émouvoir, surtout dans la simplicité d'un long plan fixe sur un couple parlant de son quotidien de crise, moment finalement paradoxal dans un long métrage cherchant à fuir la tentation du documentaire. Je me suis pris à penser que la simplicité avait parfois du bon, qu'une narration explosée et déjantée, utilisée comme un jeune chien tout fou, n"arrivait pas toujours à transcender un discours pourtant militant.
J'aime cette idée de cinéma libre de toute convention, j'aime cette ténacité et cette audace à essayer de présenter un sujet très sérieux de façon ludique. Et même si l'ennui guette, même si quelquefois l"amphigourisme pointe le bout de son nez, reconnaissons encore une fois à Miguel Gomes son originalité  et son goût pour les paris audacieux. On ne peut avoir que de la sympathie pour tous ces magnifiques résistants de par l'Europe et le monde. Alors aidons-les en visionnant leurs oeuvres, on en retire toujours quelque chose même quand ce n'est pas complètement réussi.


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