"Vernon Subutex" est le premier tome d'une trilogie dont le rouleau compresseur médiatique nous dit le plus grand bien, étant commercialement entendu que plus il y aura de lecteurs sur le volume 1, meilleur sera le rendement sur la suite.
Je ne me suis pas jeté sur le livre, Mme Despentes ne m'ayant jamais vraiment convaincu avec ses précédents écrits. Les premiers retours des lecteurs étant mitigés (en gros 50 % visiblement enthousiastes, 50 % déçus ), j'ai attendu que le hasard me mette le livre entre les mains pour me plonger dans la vie de cet ancien disquaire sans emploi.
Je dois avouer que j'ai tout de suite été scotché par le roman. L'écriture, libre de toute contrainte, épousant à merveille la description sans complaisance d'un XXI ème siècle arrogant et déboussolé m'a très vite emporté dans le sillage de ce Mr Subutex, qui se trouve éjecté de son petit deux pièces faute d'avoir régler le loyer. Dans un premier temps, usant de son carnet d'adresses et de son compte Facebook, il va squatter chez des amis, souvent d'anciens musicos comme lui. Puis, peu à peu, il va s'enfoncer dans la précarisation... mais, hélas, moi , lecteur, dans une certaine lassitude. Plus il sombre, plus j'ai sombré dans l'ennui. Si c'est voulu, c'est réussi. Mais pas sûr que le projet soit de cet ordre.
Je vois bien ce que Mme Despentes nous propose avec son projet de trilogie ; une description décapente, voire inconfortable de notre époque, avec ses contradictions, ses rêves brisés face à un libéralisme triomphant. Si l'on s'en tient uniquement à cela, c'est en grande partie réussi, car elle arrive à nous donner moultes points de vue, quelques fois assez politiquement incorrects car camouflés derrière des personnages trashs, fachos, bobos ou paumés. Seulement, le procédé utilisé ne convainc pas du tout. Vernon, naviguant de canapés en lit de fortune, épuise son carnet d'adresses et nous avec. Si l'auteure a une vision extrêmement précise du monde d'aujourd'hui, si en excellente observatrice de nos sociétés, elle parvient à nous balancer dans la gueule des vérités pas toujours bonnes à lire, elle néglige complètement son histoire, qui ne traîne même pas, car quasi absente. Elle se résume en une succession de portraits, souvent à la première personne, des amis chez qui Vernon, habite quelques jours. Très vite le procédé lasse même si court vaguement une petite histoire de projet de film autour d'un beau chanteur mort. Elle a beau essayé de choquer en nous balançant un trav, une pute, des camés, un ou deux fachos, des sales bourges mal baisées, l'attention baisse au fil des pages, l'action se résumant bien souvent à aligner de la coke, se faire démonter sans grâce, baver sur le mode de vie bourgeois en s'enfilant quelques alcools très forts. Ce petit monde m'est apparu totalement vain et pas un poil attachant. Les protagonistes semblent avoir vécu à fond (bon, ici vivre à fond, c'est se bourrer la gueule, se bourrer le pif ou les veines et se faire bourrer par tous les trous par des mecs ou des nanas ou des travs bourrés) mais se coltiner une gueule de bois carabinée pour le restant de leurs jours. C'est sans doute un constat plein d'amertume, une singulière descente dans les tréfonds du cerveau de certains humains qui ont surfé sur une vague de branchitude (dans la chanson et dans le cinéma ), mais c'est beaucoup trop répétitif pour emporter le lecteur.
Je suis cependant arrivé jusqu'au bout car, il me faut bien le reconnaître, il y a un vrai style Despentes, maniant avec aisance un phrasé moderne, cru et puissant, balançant aux orties tout bon goût, toutes règles un tant soit peu normées. Je pense que c'est là l'essentiel de l'intérêt de ce roman. Quant à savoir si je lirai la suite ...pas sûr.... si on me l'offre, je replongerai peut être....
Pas mieux...
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quoi ? de la pub ? moi ?
;)
Tu as raison de faire ta pub... Mais perso, j'avais déjà lu ton commentaire lors de sa parution
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