samedi 15 juillet 2017

Avant la fin de l'été de Maryam Goormaghtigh


A première vue " Avant la fin de l'été" peut apparaître comme une sorte de docu fiction autour de trois mecs partant en vacances dans le sud, mélange de clichés et de petites banalités qu'une caméra, elle aussi imprégnée d'ambiance estivale, va suivre gentiment. Le premier plan intrigue le spectateur. Les trois hommes à l'écran sont des étudiants iraniens vivant à Paris. L'un d'eux, a le mal du pays et pense repartir d'ici à deux semaines. Ses amis tentent de le dissuader et organisent une petite virée jusqu'à la mer. Cette premier scène, à l'apparence simple et anodine, avec des dialogues en farsi ( il n'y aura que très peu de dialogues en français ...), pose d'emblée les enjeux du film. Ces trois garçons, à eux seuls un trio très représentatif,( le beau, le timide, bon gros coincé ), vont être les prétextes à un discours en creux beaucoup plus finaud que ceux des comédies balnéaires habituelles. Si au premier abord, avec ces dialogues et ses situations aux apparences improvisées, on semble s'acheminer vers un road-movie un peu relâché et improvisé, très vite on se rend compte que la réalisatrice aborde une foultitude de thèmes qu'elle traite avec une subtile sobriété, sans une once de pédagogisme, laissant les idées et notations s'infiltrer dans la tête du spectateur. L'exil et la nostalgie y affairant, la liberté indiscutable dont ils jouissent en France et qui leur manquera une fois revenus en Iran ( surtout que pour tous les trois, le service militaire prend une énorme place dans leur décision), l'ostracisme qu'ils ressentent souvent de part leur statut d'étranger, la religion, le rapport avec la femme, constituent, entre autres, la toile de fond bien présente à cette échappée estivale. La caméra, toujours placée idéalement, capte ces moments sensibles où tout se ressent plus qu'ils ne s'expriment. De scènes en scènes, on s'attache de plus en plus à ces trois hommes, bien moins machos que les clichés peuvent les penser, la réalisatrice s'ingéniant à filmer des instants volés où leur part féminine s'exprime. Coquets, tactiles, tendres entre eux, ils sont à l'image du décor fin de vacances dans lequel ils recherchent un peu de fun, entre deux saisons. La mélancolie d'un automne qui approche devenant de plus en plus présent, un choix va s'imposer. Lequel ? Sans doute celui de la raison qu'une poésie persane chantée un soir sur la plage rend encore plus difficile.
"Avant la fin de l'été" est la comédie estivale la plus délicate et la plus intelligente de ces deux mois de vacances qu'il faut découvrir avec curiosité et humilité.


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