Après " Ces jours qui disparaissent ", roman graphique particulièrement réussi et qui fut saluer par divers prix, autant dire que l'on attendait avec impatience un nouvel album de Timothé Le Boucher. Il a du bosser comme un malade puisque moins de deux ans après, voici qu'il nous propose ce "patient", thriller de presque 300 pages dont il a assuré le scénario et le dessin.
Pour ne pas gâcher la découverte, et compte tenu de la nature de cette histoire, je ne dévoilerai rien de l'intrigue, juste que le héros, Pierre, est le seul rescapé d'une tuerie au sein d'une famille. Sur son lit d'hôpital, il se réveille après six ans de coma...
La tension palpable d'une couverture hitchcockienne ( la blonde platine étant troquée ici par une grise métallique) nous plonge sans mollir dans un récit que l'on ne lâchera pas. Timothé Le Boucher sait écrire de bonnes histoires, prendre le temps de les raconter sans jamais nous ennuyer. Mais ce qui fait sans doute qu'il est en passe de devenir un des grands auteurs actuels, sont les nombreuses idées, qui, en filigrane, viennent enrichir une histoire diabolique, créant ainsi un univers bien particulier. Si l'on suit avec passion notre jeune héros hospitalisé en prise avec un passé déstabilisant et un futur inconnu ( on pourra déjà étudier l'importance du lit dans l'oeuvre de cet auteur), on perçoit aussi toute une réflexion sur le bien et le mal autant que sur les rapports entre les êtres, combinaisons à l'érotisme sous-jacent et à la sexualité tous azimuts. Bien sûr, le temps reste également un élément central tout comme les mystères du fonctionnement du cerveau, ici éclairés par l'hypnose et la manipulation psychologique.
Aidé par un dessin presque ligne claire, évidemment inspiré par le manga (avec cette façon de découper son histoire en appuyant sur les regards des protagonistes), cette sombre histoire joue également sur une palette de couleurs aux tons gris pastels qui contribuent encore plus à créer une ambiance angoissante.
Alors, encore une réussite pour Timothé Le Boucher ? La réponse est oui, un grand OUI, avec toutefois un très léger bémol. Non, ce n'est pas la fin, surprenante et plongeant le lecteur dans une vertigineuse réflexion qui déroute, mais plutôt ce virage à 180 degrés que prend le récit page 172, négocié d'une façon un peu abrupte mais qui, une fois l'effet de surprise passé, replace le récit dans une direction que l'on n'avait absolument pas vu venir. Ce n'est pas réellement un retournement de situation, mais plus un changement de tonalité, voire de narration qui aurait pu être amené plus subtilement.
Reste quand même, que " Le patient" tient la dragée haute à toute une multitude de thrillers de littérature, tant son montage (quasi) parfait tient en haleine et prouve que l'auteur possède une imagination formidable. Alors soyez impatients, foncez vous procurer ce " patient" vous passerez un moment de lecture qui laissera des traces. Jamais le roman graphique n'a aussi bien porté son nom !
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