Dans un schéma somme toute classique du roman familial vénéneux, Valérie Tong Cuong parvient à accrocher le lecteur avec un savoir-faire de romancière évident sans réellement avoir la prétention d'écrire un grand livre que les critiques branchés vont encenser à longueur de colonnes. Elle se place dans la lignée des très bons faiseurs, de ces artisans qui respectent leur lecteur, en leur proposant une lecture très plaisante pleine de rythme et de rebondissements, sans pour autant sacrifier une certaine finesse psychologique.
Si l'histoire peut parfois paraître un poil téléphonée, l'adresse de l'auteure est telle, ses personnages tellement vrais, que le récit en est emporté. Il y a chez elle un vrai sens de l'observation de nos comédies humaines et familiales que sa plume rend à la fois humaine et proche.
Le roman est un journal à quatre voix : la mère, ses deux filles, le gendre. Chacun apporte son point de vue au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire. chacun a sa chance et d'agacer le lecteur ou d'être en empathie avec lui. Le lecteur, comme les personnages, est ballotté d'un sentiment à un autre, passant pour certains du rejet à la compréhension. C'est habile, bien fait. Ca se lit comme un presque polar et même si le genre impose systématiquement un genre d'happy end, la romancière nous fait la grâce de ne pas trop tomber dans le rose larmoyant.
Efficace jusqu'au bout, porté par une écriture simple mais délicate et précise, "Pardonnable, impardonnable" est un roman qui ne peut pas décevoir. C'est de la littérature populaire hyper bien faite, qui se situe plus du côté d'Amélie Nothomb pour l'efficacité que du surfait Katherine Pancol. C'est le genre de livre qu'on lit avec plaisir et sans avoir l'impression de perdre son temps. Il y a peu d'auteurs qui, actuellement, arrivent à allier ces deux choses ( Anna Gavalda peut être, une fois sur deux !). Alors entre les politiques fictions à la Houellebecq et les ouvrages ouvertement littéraires et parfois trop alambiqués, un petit peu de Valérie Tong Cuong fait du bien au lecteur épris de romanesque.
Je pense aussi que c'est de la littérature populaire extrêmement bien construite et écrite, qui plaira au plus grand nombre. Personnellement j'ai tout de même été un peu gênée par la surenchère de malheurs...
RépondreSupprimerAu plaisir de te lire,
Cajou