A Cannes, quand un film comique ou tout du moins humoristique ou drôle arrive en compétition, il est certain qu'il sera irrémédiablement snobé par la critique, même produit par Almodovar, Passé donc à la trappe au mois de mai dernier, vraisemblablement par le manque de notoriété de ce jeune réalisateur argentin qui représentait à lui tout seul le continent Sud-américain, "Les nouveaux sauvages" apparaît finalement comme un film emballant doublé d'une radiographie sans concession de nos sociétés libérales actuelles.
Quand vous vous rendrez au cinéma pour découvrir ce film.... oui vous irez mais vite, car malgré un soutien de la maison Pathé, il ne devrait hélas pas s'éterniser à l'affiche, vous vous embarquerez pour une séance de deux heures sur les chapeaux de roue. Cela à beau être un film à sketches, le passage de l'une à l'autre des histoires se fait simplement, l'envie de découvrir encore et encore d'autres histoires étant la plus forte. Sur les six histoires proposées, une ou deux vous paraîtront un peu plus faibles mais toutes possèdent un élément rare de nos jours : une envie forcenée de donner du plaisir au spectateur.
Sur une thématique qui pourrait se résumer à :"Regardez un peu ce que produit cette société où le fric est roi, où tout le monde est en représentation, où certains seront impitoyablement mis de côté", Damiàn Szifron nous balance sans sourciller son humour noir (Pulp fiction n'est pas loin), celui qui gratte sur la verrue, pourtant soigneusement camouflée par un maquillage de pro, d'une société qui engendre une sauvagerie proche du désespoir. Les personnages présentés sont des monstres ou des perdants ou les deux à la fois. Pourquoi schématiser, pourquoi ne pas dire que quelque soit l'endroit du manche où l'on est, nos âmes sont noircies ou pourries ? Mais comme nous sommes dans une comédie revendiquée, ce regard cynique, cinglant, est au service de récits admirablement écrits tant au niveau des dialogues percutants que de l'enchaînement incessant des rebondissements qui nous amènent à une chute chaque fois surprenante.
Oui je me suis régalé au milieu de ces nouveaux sauvages! Non je n'ai pas vu passer les deux heures que dure la projection ! Bien sûr la mise en scène n'est pas toujours de toute finesse ( le réalisateur abuse un peu trop des travellings à 150 à l'heure) mais quel régal ! Quelle joie de découvrir un film profond mais pas tout à fait sérieux.... un film comme un hommage argentin à notre Charlie Hebdo. Oui, c'est un peu ça...l'anti-religieux en moins.... Alors si la semaine dernière vous avez été Charlie ...prolongez le combat , allez voir "Les nouveaux sauvages", vous ne serez pas déçus !
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