"Le cercle" qui donne le titre au film, est le nom d'une revue homosexuelle Suisse qui essayait de fédérer toute une communauté vivant cachée ou honteusement malgré une loi ne condamnant pas l'amour pour le même sexe. Nous sommes dans les années 50, et être gay restait une honte ou tout du moins la possibilité d'une vindicte de la société ou de la famille. Dans ce cadre là, nous suivons le destin de Ernst, professeur de français pas encore titularisé et de Robi, jeune coiffeur rêvant d'une carrière de chanteur travesti. Ils vont s'aimer malgré leurs différences de milieu et les difficultés que représentaient à l'époque un amour que beaucoup considéraient contre nature.
Film éminemment sympathique, surtout par les temps qui courent, le discours tenu, évitant tout militantisme lourdingue, s'attarde plutôt à parler d'amour entre deux êtres. Le film a les bonnes couleurs orangers qui siéent si bien à toute reconstitution d'époque. L'histoire hésitant entre romance et rappel historique se suit avec intérêt et émotion.
Cependant, on reste un peu sur notre faim car le dispositif employé par le réalisateur, à savoir le genre docu/fiction si prisé en télévision, annihile certains effets souhaités, Le film est entrecoupé d'interviews des vrais protagonistes de l'histoire, C'est touchant de les voir, vieillis mais toujours passionnants, de les entendre se rappeler ce passé qui les a marqués. Selon le spectateur que l'on est, on s'attache soit au documentaire et du coup la fiction s'en trouve affadie soit le contraire mais les témoignages réels empêchent l'empathie avec les acteurs qui, bien que convaincants, n'arrivent au final pas à l'emporter totalement sur l'émotion. Ce va et vient entre réalité d'aujourd'hui et fiction d'hier, ne fonctionne pas toujours très bien, donnant au film un caractère un peu trop banal. Il permet toutefois de bien ancrer cette histoire dans une réalité historique, lui donnant un côté pédagogique toujours bon à prendre.
Les intentions sont évidemment bonnes et bien mises en images. Il est toujours nécessaire de rappeler aux jeunes générations que la petite liberté dont on joui actuellement est le fruit de luttes pas si lointaines et que la vigilance doit être de mise si l'on veut pouvoir les conserver. Ce film, joli hommage aux premiers gays mariés en Suisse, demeure un peu trop télévisuel pour emporter l'adhésion totale d'un spectateur de cinéma mais restera comme une parfaite reconstitution d'un combat pour lutter contre l'obscurantisme d'un monde noyé par des diktats sclérosants.
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