mercredi 18 mars 2015

Un homme idéal de Yann Gozlan


Mathieu, physique de déménageur est aussi écrivain... heu non...je me trompe ! Mathieu écrivain raté aux nombreux manuscrits refusés, a le physique de Pierre Niney et fait des déménagements pour pouvoir manger. Un peu feignasse sur les bords (on comprend qu'il soit fatigable...), ses collègues le relèguent aux basses besognes du genre porter un carton avec un transpalette ou remplir des sacs poubelles. C'est lors d'un de ces déménagements qu'il tombe sur un manuscrit tout enveloppé de cuir poussiéreux.
 Là, je fais une petite pause pour expliquer le pouvoir de la poussière au cinéma qui rend automatiquement un objet mystérieux voire sulfureux. Qu'importe l'endroit où la chose a été stockée, ici sous un tas de couvertures, la poussière, cette ignoble garce ou cette amie complice des scénaristes, réussit toujours à poser sa pellicule sur l'objet qui lancera une intrigue alambiquée. Oui, un dicton venue de la nuit des temps cinématographiques dit : Poussière à l'écran, scénario pas regardant. Certains ont parfois vaincu la maxime, mais ils sont peu nombreux. Yann Gozlan et ses complices n'ont hélas pas su passer le bon coup de plumeau...
Donc le jeune et frêle déménageur découvre un journal écrit magnifiquement par un soldat durant la guerre d'Algérie. Ayant appris que celui-ci n'avait aucune famille, et bien qu'hésitant, il décide de recopier le texte sur son ordi (Tiens pour une fois ce n'est pas un Mac, c'est rare au cinéma ! La firme à la pomme n'est plus ce qu'elle était, elle ne place plus du produit partout ? ) et l'envoie aux éditions du Cercle. Engouement immédiat pour ce roman intitulé "Sable noir", prix Renaudot, succès public, Mathieu devient la nouvelle coqueluche des lettres françaises.
Nous le retrouvons trois ans plus tard dans une somptueuse villa de la Côte d'Azur appartenant aux parents de sa ravissante fiancée (ça existe encore ce terme ?... Oui, fiancée, vu le milieu bourge/conservateur dans lequel il va évoluer.). Très amoureux, parfait en gendre écrivain reconnu, il cache cependant quelques désarrois, pas encore de la culpabilité pour son vol littéraire, mais plutôt quelques ennuis financiers. Mener une vie de star coûte cher surtout quand on n'est pas productif et que les à-valoir pour son deuxième roman, qui n'est toujours pas écrit, n'arrivent plus à payer les nombreuses dépenses. Pris à la gorge par son éditeur, tourmenté par son manque d'inspiration, il sera en plus la cible d'un maître chanteur à la mine patibulaire qui a malheureusement bien connu le soldat dont il a endossé les écrits... L'engrenage du thriller à rebondissements est parti !
On va oublier bien vite Patricia Highsmith et son "Mr Ripley" dont les références ont paru évidentes à une presse guère inspirée. Ce n'est pas parce qu'il y a un corps qui réapparaît sur la plage ou un jeune acteur torse nu de temps en temps avec un chino slim, que c'est tout suite "Plein soleil 2015"!
Nous en sommes loin. On assiste plutôt à un enchaînement de scènes sensées être de plus en plus angoissantes. Les ennuis ayant le don de s'accumuler à jet continu, le pauvre Mathieu n'a guère le temps de souffler, s'angoissant, suant, courant, nageant des kilomètres, volant, se mutilant, faisant un enfant et j'en passe et des plus rudes.
A l'écran tout cela est joliment filmé, un peu mollement parfois. Les seconds rôles existent peu, les situations, parfois invraisemblables, sont une compil du genre thriller psychologique et donc sans grande invention. Mais cependant le film arrive à nous intéresser grâce à une chose : Pierre Niney ! Oui, l'acteur fraîchement césarisé fait du bon boulot. Il est constamment à l'écran et est parfaitement crédible. Si on s'angoisse un peu, si l'on sursaute ou frémit de temps en temps, c'est uniquement pour lui tellement il vampirise le rôle. Ce n'est pas Mathieu l'écrivain qu'on voit à l'écran, c'est Niney et on a vraiment envie qu'il s'en sorte, bien qu'au fond il soit un salaud ! C'est assez troublant. N'est-ce pas le signe que nous détenons là une acteur d'une grande trempe, d'un grand talent et possédant une aura comme il y en a peu  ? Pierre Niney sera-t-il le Depardieu des années 2000 ? C'est drôle que je les compare, car physiquement, tout les sépare mais, comme son aîné, le jeune acteur a une présence très singulière qui, magnifiée par une caméra très bienveillante comme ici, lui confère instantanément un statut de star incontournable. Le public ne semble pas s'y tromper car il était fort nombreux à une séance de 18 h et de tout âge !
Faut-il aller voir "Un homme idéal " ? Si vous êtes uniquement amateur de polar, on peut faire l'impasse, mais si vous voulez admirer un acteur idéal , oui, courez-y !



2 commentaires:

  1. Très drôle ton billet, surtout quand tu dézingues !

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  2. Très drôle, et très vrai. Niney est parfait, le film nettement moins!!

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