lundi 2 octobre 2017

Les hommes de Richard Morgiève


Sous cette couverture craquante, très années 50, véritable tableau d'Epinal d'une paternité rêvée, se cache un drôle de roman se déroulant dans les années 70. Nous faisons la connaissance de Mietek, petit gangster aussi beau que bon à faucher de belles bagnoles. Il se traîne un début de spleen existentiel, partagé entre une envie de se sortir de son milieu si facile de truand et un amour impossible pour une fille camée qui ne peut pas l'aimer. Et c'est en voyant dans un squatt au milieu de jeunes adultes défoncés une adorable petite fille ( mise au monde par la femme qui n' aucune envie de coucher avec lui)) que la vie va soudain prendre un sens. Il veut sauver cette petite fille, la protéger de ce monde en perdition. Nous le suivrons dans ce Paris d'après 68, aujourd'hui pas mal disparu.
Le projet de Richard Morgiève est clair comme de la bonne vodka : faire revivre un univers de truands à la façon des films de Gabin ou Ventura avec un héros aux allures de Delon et des dialogues un peu comme dans " Les tontons flingueurs". Si l'on s'en tient à cette évocation, le compte est bon. Tout y est dans les moindres détails : les vieilles bagnoles américaines, les bars parisiens minables, les putes au grand cœur, les petites frappes à sale gueule, les règlements de compte, le tout distillé à un rythme aussi désenchanté que son personnage principal. Pour l'atmosphère, rien à dire, c'est très réussi, on croit revoir un film de José Giovanni ( d'ailleurs abondamment évoqué dans le livre).
Par contre, si vous lisez ce roman au premier degré, vous risquez de tiquer sur le machisme puissance 10 du héros. Il sort de prison pour quelques petits méfaits qui l'ont privé de liberté pour vingt-huit mois. mais c'est un bon gars vous savez. Un peu comme les frappadingues qui commettent des attentats ces derniers mois, on pourrait dire de lui qu'il est un sacré bon voisin et charmant avec ça. Regardez comme il aime sa vieille voisine, qui est un peu sa maman et qu'il va aider au fil de sa déambulation parisienne. Et puis, il est beau mais beau ! Chaque fois qu'il rencontre une femme ( en fait il rencontre beaucoup de putes) elles sont littéralement folles de lui, lâchant tout pour lui donner un plaisir immédiat et lui remettre avec une joie non dissimulée de l'argent. Et quand il va chez des amis, il fait tellement frétiller les ovaires des femmes des copains qu'elles reçoivent les fesses à l'air avec l'espérance qu'il daignera se laisser faire. Pour compléter le tableau, il aime les bagnoles, les DS surtout et que, comble de bon goût, il a troqué ses santiagues pour de belles pompes anglaises de marque ! Mesdames , ne craqueriez-vous pas ? Non ? Vous voulez plus de virilité encore ?!?! Hé bien sachez que pour lutter contre son alcoolisme, il est capable de s'enfoncer un tournevis dans la main et de se recoudre avec du fil à gigot, la douleur lui faisant oublier sa bouteille de whisky ! C'est un peu trop ? Un pastiche ? Oui sans doute, une compilation de tout ce qui a traîné dans le cinéma et la littérature de ce genre durant des décennies. Au deuxième degré, on trouve cela plutôt drôle et bien vu . Mais hélas, le roman dans  sa deuxième partie, va prendre une direction plus psychologique, avec la rencontre avec une jolie droguée pourvue d'une adorable petite fille. Et tout d'un coup, le sérieux l'emporte sur le clin d'œil. En voulant nuancer son personnage et le faire basculer dans une paternité béate ( voire gnangnan), le roman se délite de plus en plus. Son rythme lymphatique que l'on trouvait sympa au départ, commence à suinter l'ennui et l'hommage vire au cliché. Plus Alain Delon, pas vraiment Lino Ventura, notre héros s'enfonce dans les rues parisiennes, et j'ai peiné à le suivre... 

1 commentaire:

  1. Laissons-le s'enfoncer dans les rues parisiennes et passons à autre chose

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