Ces " tribulations d'Arthur Mineur" le prix Pulitzer 2018 ( en gros le Goncourt US) viennent rejoindre sur la liste Ernest Hemingway ou Norman Mailer. Il faut se rendre à l'évidence, le roman ne possède pas toutes les qualités majeures du " Vieil homme et la mer " ou du " Chant du bourreau" mais diffuse sur un mode mineur un joli parfum où une douce mélancolie se lie avec un humour léger.
Arthur Mineur traîne sa longue silhouette d'écrivain miné, un peu minable dans sa tête et mineur aux yeux des éditeurs. Il redoute la cinquantaine qui approche à grands pas et qui lui apparaît comme le début de la vieillesse. Célibataire, sans grand but dans la vie depuis que son dernier roman a été refusé, Arthur apprend que son ancien amant va se marier. Comme il veut fuir cet événement qui l'insupporte, des regrets traînant encore dans sa tête, il décide d'honorer quelques invitations improbables qui l'amèneront aux quatre coins du monde.
Le roman va donc nous conduire successivement en France, en Italie, en Allemagne, en Inde et au Japon. Un sacré voyage qui sera surtout l'occasion de se souvenir des jours anciens. Et qui dit passé dit flash-blacks, extrêmement nombreux, tellement dans l'ADN de l'auteur que même dans sa narration au présent il arrive à en glisser sur des événements passés quelques instants avant.
Sans être vraiment sympathique, Arthur Mineur, un peu égocentrique et rêveur, garde une certaine innocence qui finit par le rendre touchant et un poil décalé. Avec un humour délicat, Andrew Sean Greer, promène son personnage qui, par moment, ressemble à un monsieur Hulot qui aurait pris une allure dandy. Voyager avec lui reste plaisant, léger. C'est toutefois l'occasion d'aborder le thème du vieillissement chez l'homme mais aussi d'égratigner le milieu littéraire et ses improbables colloques et prix divers.
Avec cette thématique pas vraiment originale d'un érudit littéraire en proie aux prémices de l'âge( longuement abordée par David Lodge entre autres), l'auteur parvient toutefois à faire passer un agréable moment au lecteur. On voyage, on sourit aux touches piquantes semées ça et là, on finit par se sentir pas trop mal, un peu comme dans un Chesterfield, c'est un peu raide au début ( comme Arthur Mineur, comme ce style aimant les retours en arrières à foison) puis on finit par trouver cela assez confortable. Cependant, ce cru 2018 du Pulitzer ne restera sans doute pas mémorable.
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