mercredi 13 février 2019

Les drapeaux de papier de Nathan Ambrosioni


Réaliser un premier long-métrage à 19 ans laisse rêveur sur la détermination de Nathan Ambrosioni ( certains diront qu'il avait déjà du réseau... ce qui m'étonnerait quand on vit dans le sud de la France dans une famille moyenne lambda). Il a obtenu l'avance sur recette à 18 ans ( un record paraît-il) et réalise son film dans la foulée en ayant convaincu une jeune productrice et deux comédiens de se lancer dans l'aventure. Le résultat est sur les écrans et, il faut avouer qu'il impressionne. 
Que peut donc raconter un homme de 18 ans ? Des amours adolescentes ? Ses rapports avec papa/maman ? Nullement ! Il nous cause de réinsertion après un séjour de 12 ans en prison ! Bon pour le fun, on repassera, mais quand on voit le résultat, on se dit que l'on a bien fait d'avoir pris son billet. 
Entendons-nous bien, "Les drapeaux de papier" n'est pas le chef d'oeuvre de l'année, mais assurément l'un des très bons films français de ce début 2019 qui marque avant tout l'éclosion d'un jeune talent dont on entendra sans doute encore parler dans le futur. On pourrait faire le rapprochement avec Xavier Dolan dont on le sent inspiré, reprenant sa façon de filmer au plus près les comédiens, mais sans la prétention du canadien. Par contre, il a le même génie de la direction d'acteurs. Guillaume Gouix et Noémie Merlant, explosent littéralement dans ce film. Le premier commençait à imposer sa silhouette depuis quelques années et apparaît ici aussi intense que touchant. La seconde, déjà remarquée dans "Le retour du héros" dans un rôle comique, prouve ici l'étendue de son (grand) talent. Dans la rôle de la petite soeur surprise par le retour de cet aîné qu'elle ne connaît pas et qu'elle va à la fois découvrir et épauler durant son rude retour à une vie normale, elle touche comme rarement. 
Nathan Ambrosioni, avec un petit budget, un bon scénario et deux excellent comédiens, parvient à faire un film touchant, mettant en scène avec justesse des personnages de tous les jours. 
Pas d'esbroufe ( ou presque), une belle lumière, un beau regard de cinéaste et un casting 4 étoiles  font de ces " drapeaux de papier" une découverte motivante qui nous rassure quant à l'avenir du cinéma français. D'ailleurs, le public ( nombreux) du festival Premiers Plans d'Angers ne s'y est pas trompé, il lui a attribué son prix, signe qu'il y a pris un vrai plaisir. Donc, cette semaine, plutôt que d'aller se raser avec " Deux fils" (autre premier film), aller découvrir un cinéaste de demain, vous ne le regretterez pas ! 




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