On entend beaucoup de bien sur le premier film d'Antoine Raimbault et, une fois n'est pas coutume, il est impossible de dire le contraire, " Une intime conviction " s'avère diablement efficace à relater la récente affaire Viguier. Un trio banal, la mari, la femme, l'amant. La femme disparaît. Tuée ? Partie ? On ne sait, mais on accuse le mari, homme cultivé mais plus que taciturne ( formidable Laurent Lucas dans le film). Condamné lors d'un premier procès, une ancienne jurée ( Marina Foïs, habitée) a l'intime conviction de l'innocence de ce mari et aidera le célèbre avocat Maître Dupond-Moretti à rouvrir le dossier et tenter de trouver des éléments dans un dossier mal ficelé et dont on a pas exploré toutes les pistes.
A la fois film judiciaire intense et thriller, le film vous happe dès les premières secondes et ne vous lâche pas jusqu'à la fin. Le scénario, bien ficelé, remarquablement dialogué, ne connaît aucun temps mort et offre à Olivier Gourmet l'occasion de nous offrir une interprétation exceptionnelle ( admirez le réquisitoire final).
Antoine Raimbault n'oublie pas d'égratigner le système judiciaire français qu'il semble très bien connaître, ni d'épingler une presse prompte à suivre le première rumeur venue quitte à désigner un coupable avant le verdict. Quant à l'intime conviction d'innocence, moteur du personnage fictif de Nora, elle semble habiter aussi le réalisateur qui en fait apparaître une autre en filigrane. Lors de la présentation du film, Antoine Raimbault nous a parlé de la relation amicale qu'il a établi avec la famille Viguier, qu'en faisant le film, il a tout le temps pensé au calvaire des enfants qui ont perdu leur mère et vu leur père en prison durant dix ans. Dans le film, tous les vrais noms ont été conservés et les mots prononcés par les acteurs dans le cadre du tribunal sont ceux entendus durant le procès. Mais, à l'écran, un possible coupable apparaît clairement... Est-ce pour mieux faire ressentir au spectateur combien il est facile de fabriquer un coupable ? Pour mettre en évidence notre propension à imaginer des choses ? Une intime conviction qui va au-delà de l'innocence de Jacques Viguier ? Cela rend le film un poil plus ambiguë, plus passionnant aussi...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire