samedi 16 février 2019

Première dame de Caroline Lunoir



Voici le journal de la femme d'un homme politique français du jour de sa décision de participer aux primaires de son parti jusqu'aux résultats du premier tour de la présidentielle. En compilant pas mal de faits récents survenus à quelques personnalités en vue, Caroline Lunoir essaie de nous faire vivre de l'intérieur cette course au titre suprême. C'est donc sans surprise que sont évoquées quelques affaires célèbres passées qui décorent un récit dont on a du mal à percevoir exactement le but. 
Est-ce un pari littéraire contenant un maximum de scandales politiques récents ? Si c'est le cas, le but est atteint, avec un intérêt très moyen, toutes les péripéties évoquées n'étant jamais surprenantes. Est-ce le portrait caché de Pénélope Fillon, que l'on devine sans mal derrière cette malheureuse héroïne ? On peut le penser. Est-ce un portrait à charge que cette bourgeoise, catholique, quatre beaux enfants qui réussissent et se reproduisent allègrement et dont la naïveté de départ laisse perplexe? Difficile à déterminer.  Comment peut-on croire une seconde qu'une épouse d'homme de pouvoir puisse être aussi nunuche ? Elle l'aime, elle l'admire, elle est est émerveillée par son talent, son charisme et tombe des nues quand elle apprend qu'il a une maîtresse ! Elle ne doit lire que le magazine Rustica ... ( oui, elle adore jardiner dans sa jolie propriété en province). Plus tard, elle avalera son chapelet en découvrant quelques comptes cachés au Luxembourg et qu'un  mari puisse planquer du fric à l'étranger. Le lecteur aussi est ébahi par tant de candeur et se demande si on ne le prend pas pour un demeuré, tout en se questionnant sur le morale de cette histoire.
La dernière partie de ce roman/journal continue à jouer sur l'ambiguïté. En creux l'homme politique apparaît bien comme un animal égoïste à sang froid ( mais continue à dialoguer avec un curé de ses amis, sans doute pour utiliser cette morale catholique si pratique, du confessé/pardonné) et l'épouse semble, enfin, se révolter un petit peu, tout en avalant de nouvelles couleuvres. Mais plus l'échéance plus approche, plus l'appétit féroce du pouvoir et de la réussite, sentiment inné dans ce genre de milieu, va retoquer les sentiments et faire digérer les soi-disant déconvenues. 
On achève le livre avec un sentiment plus que mitigé.  Pas follement original, ni passionnant, ce portrait slalome entre le cruel et le nunuche, sans jamais trouver une ligne directrice. Une fois refermé, on se demande si, au final, ce roman n'est pas écrit pour consoler les électeurs déçus de François Fillon, mais à la façon d'un article du Figaro Magazine, pour surtout ne pas bousculer un lectorat qui ronronne dans son Chesterfield. 

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