"Manifesto" se présente à la fois comme le récit des dernières heures de son père que l'auteure et sa mère accompagnent dans une chambre d'hôpital où il est plongé dans une sédation profonde mais aussi l'évocation par le biais d'un rêve/fiction qui donne au mourant la possibilité de rejoindre Ernest Hemingway et d'échanger avec lui autour de son enfance, de la guerre, de la mort. Nous passons alternativement de la chambre au soleil du Pays Basque ( français et/ou espagnol). Le procédé aère sans conteste le récit même si chacun évolue dans la gravité. La mort plane sans cesse car la vie de ce père fut jalonnée de musique, d'amour mais aussi de nombreux deuils.
On retrouve donc la Léonor de Récondo que l'on apprécie avec son écriture empreinte d'une grande sensibilité et d'une grande poésie. Toutes les pages situées auprès du lit du mourant sont magnifiques de justesse, de retenue et d'émotion. En musicienne confirmée ( musique et mots), elle déroule une partition aussi délicate que naturaliste, que l'on retrouve également dans l'autre partie du livre, mais qui elle, apparaît un peu moins convaincante. Si le grand Hemingway, apporte sans doute une touche plus littéraire au livre, elle lui colle aussi un côté poseur. La présence finalement superfétatoire de cet aficionado américain, amoureux de gin et de femmes, rend le texte inutilement alambiqué. Le livre retrouve toutefois une belle tonalité grave et poétique quand l'ombre du grand écrivain veut bien s'estomper pour laisser toute la place aux souvenirs.
" Manifesto" reste un beau roman à la sensibilité à fleur de peau qui évidemment touchera. On pourra regretter que cet hommage à ce père au destin romanesque se pique d'un intellectualisme un rien maniéré, lui ôtant un peu d'émotion.
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