Certains romans vous attrapent dès les premières pages pour ne plus vous lâcher. D'autres, par leur sujet, vous plongent dans des abîmes de réflexions. Quelques uns, moins nombreux, se dévoilent doucement au fil des pages et réussissent à nous immerger dans une réalité insoupçonnée. Et puis, encore plus rare, ces trois éléments peuvent se retrouver dans un même roman. " Les métèques" est l'un de ceux-là !
Pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture, il ne faut quasiment rien dévoiler de l'intrigue ( et éviter de lire la quatrième de couverture qui en dit peu mais encore trop ). Nous sommes à Marseille, chez les Herbet, famille bien française : Un père, une mère, trois enfants. L'aîné, Célestin, presque deux mètres de silence, sera le narrateur. Yseult, vit une vie d'ado comparable à beaucoup. Rico, le cadet, passe son temps à dégommer des guerriers sur sa tablette. Entre eux, l'amour circule au milieu de quelques prises de bec bien normales. L'arrivée d'un courrier émanant de la préfecture et intimant la famille à se présenter un lundi à 14h, rend le déjeuner plutôt taciturne. Le lecteur s'interroge sur ce voile d'inquiétude qui enveloppe cette famille percevant un danger. Le passage dans les locaux administratifs, s'il révèle quelques éléments nouveaux à priori pas vraiment inquiétants, fait tout de même monter l'angoisse de la famille d'un bon cran. Malaise. Très vite, un événement cathartique plonge soudainement le narrateur au coeur d'une violence sourde sans que le lecteur saisisse bien les tenants et les aboutissants. La fuite de Célestin et son périple dans le sud de la France nous dévoileront un réel infiltré par la noirceur humaine... Au fil des pages, nous collerons aux basques de Célestin, pour un roman aussi haletant que fortement ébranlant.
L'écriture de Denis Lachaud, épouse avec maîtrise les nombreuses accélérations du récit, profitant de quelques temps plus calmes pour tendre au lecteur un miroir où se reflétera, entre autre, le racisme ordinaire qui gangrène chacun de nous mais aussi cette possibilité d'être bientôt le passager d'une de ces coques de noix qui s'essaient à traverser quelques mers en quête d'un nouveau destin. Mêlant habilement quelques histoires du passé avec un présent qui semble n'avoir retenu aucune leçon, le texte nous empoigne et ne nous lâche jamais. Un élément un peu improbable du début, sur l'adolescence des grands-parents paternels, deviendra petit à petit un élément hautement symbolique grâce à l'énergie d'un récit qui nous amène, avec finesse, à réfléchir sur l'importance cruciale du devoir de mémoire. La connaissance de l'Histoire et de celle de sa famille servira le jeune héros à appréhender un présent salement porté à flatter les instincts les plus vils.
Au terme de ce roman passionnant et passionné, on se dit que dans un océan de platitude éditoriale et nombriliste, il est rassurant de croiser des textes qui allient la force d'un romanesque assumé avec un propos fort, essayant de mettre un coup de projecteur sur un monde au bord de chavirer. " Les métèques", oeuvre forte, sensible, engagée ne pourra que vous bouleverser par son actualité tristement présente mais illuminée par son impeccable regard sur des différences qui devraient être notre force.
Je suis très tentée, si je le trouve à la bib, je le prends. Quelques problèmes pour poser des commentaires avec ton capcha, je ne distingue pas bien les images et j'en ai pour trop de temps à cocher les cases, pas forcément les bonnes !
RépondreSupprimerHélas, je pense que pour le captcha, je n'y peux pas grand chose .... Mais je te remercie pour ta fidélité et te souhaite plein de bonnes choses !
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