Avant de continuer, petite définition du terme thriller : roman (policier ou d'épouvante) à suspense, qui procure des sensations fortes. (Le Larousse)
Donc quand l'éditeur de ce roman américain précise qu'il s'agit d'"un thriller d'initiation à la fois cérébral et sensuel d'une grande justesse psychologique" à quoi doit-on s'attendre ? Une histoire haletante, avec un jeune héros, une jeune héroïne tourmenté(e) qui va découvrir sans doute la vie, son côté noir mais aussi une partie plus sexuelle, le tout dans une histoire qui va nous faire tourner les pages avec frénésie ? On peut le penser ...mais y penser mettra le lecteur de "le zéro et le un" dans une attente qui, hélas le plongera très vite dans la déception, voire l'ennui.
C'est vrai, le héros est un jeune étudiant, Owen, issu de milieu modeste, qui se retrouve à Oxford, boursier, certes dans l'université la moins coté ...mais à Oxford où circulent tant de filles et de fils à papa. Très solitaire, il finira par devenir l'ami de Zach, un riche américain qui étudie comme lui la philosophie. Pour l'initiation, c'est bon, puisqu'il en perdra sa virginité et découvrira d'autres plaisirs que solitaires.... sans que pour autant le roman glisse dans un genre érotique. Pour la finesse psychologique, on a du grain à moudre : le malaise du pauvre face aux riches, la découverte de la sexualité, plus un autre gros point l'approche de la mort, sujet principal de l'histoire puisque l'ami développera de longues théories sur le suicide, théories dont on sait dès les premières pages qu'elles ont été mises à l'oeuvre. C'est ici qu'intervient le côté cérébral de l'affaire car, en plus de chapitres débutant par une sorte de petit paragraphe psycho/philosophique, l'auteur ne résiste pas à l'envie de glisser de longs dialogues où seront cités Platon ou Lévinas entre autres. L'intrigue, qui joue sur le mystère du suicide de Zach, s'en trouve considérablement alourdie, ralentie. Et même si cette déferlante de petites dissertations s'estompent dans la deuxième moitié du livre, il y a longtemps que la plupart des lecteurs ont été perdus. Quant à ceux qui poursuivent vaillamment, ils se partagent en deux parties : ceux qui n'avaient pas lu la quatrième de couverture et qui s'accrochent face à un roman essentiellement psychologique dont la dernière partie, plus abordable, ne devrait pas les impressionner car empêtrée dans une résolution un peu alambiquée et ceux, un peu masos, qui veulent lire ce qu'ils ont deviné depuis un bon moment et qui ne seront donc pas déçus par le final, mélange de culpabilité teintée de sexe et de religieux, franchement peu convaincant.
Pour résumer, ce roman n'est pas du tout un thriller, car sans rythme, juste un petit roman psychologique un peu pédant mais surtout peu passionnant.
J'ai au contraire trouvé la partie psychologique / philosophique intéressante. Par contre, la révélation finale est très décevante. Je déteste quand l'auteur compte sur un personnage pour dévoiler ce que le lecteur aurait dû deviner par lui-même si l'histoire avait été bien construite... (mon avis ici : https://pamolico.wordpress.com/2019/04/22/un-livre-dangereux-le-zero-et-le-un-ryan-ruby/)
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