samedi 2 mars 2019

Etat de nature de Jean-Baptiste de Froment


Quand on officie dans les arcanes du pouvoir ( conseiller de Nicolas Sarkozy, rédacteur du programme de Nathalie Kosciusko-Morizet, élu les Républicains de la ville de Paris entre autres), quand on rédige pour premier roman une uchronie politique faut-il y voir un roman à clefs ? Peut être...mais lorsque l'on se plonge dans "Etat de nature"  on n'y pense même pas. A la limite, ce département isolé, oublié de tous et en voie de désertification, lieu central de cette histoire, rappelle très vite la Creuse, mais cela reste le seul détail que l'on va chercher à découvrir. Les hommes politiques divers que ce soit Claude, le Grand Commandeur ou Barbara, la pulpeuse préfète, n'aspirent pas à cacher une personnalité connue. Jean-Baptiste de Froment  préfère sans doute utiliser ses nombreuses observations pour décrire des coulisses du pouvoir, ses rouages, ses manigances.
Dans cette fantaisie  où tout est improbable mais fleure bon le possible, les vieux députés imposent leur loi en obtenant des têtes pour placer des pions qu'ils estiment utiles, les vieux présidents ( ici une vieille présidente, signe que le roman est bien en avance sur son temps) semblent attendre la mort mais gardent toutefois quelques ficelles qu'ils tirent avec dextérité, les jeunes loups, s'ils ne virent pas dans un radicalisme qui mêle révolution et tentations écologiques, attende leur heure à l'ombre d'un vieux politicard. Rien de nouveau donc sous le soleil du pouvoir, sauf peut être, pour une fois, un humour léger qui court au fil des pages de cette histoire de lutte de pouvoir pour accéder à la première place de l'état.
"Etat de nature" possède le mérite de se lire facilement, agréablement, mais sans non plus un enthousiasme débordant. Le roman ne quitte jamais le chemin bien tracé pour lequel il est programmé. Les portraits pourtant bien brossés de ces briscards du pouvoir et l'apport d'un élément  pseudo historique ( un hilarant chevalier nommé Adamont Le Borgne), s'ils rendent le récit piquant, ne parviennent toutefois pas à le tirer vers une vraie originalité ( le "tous pourris" fait figure de thème).  S'il fallait en retirer quelque morale, celle-ci serait bien habituelle. Les couloirs des ministères, des préfectures, sont peuplés de requins sans foi ni loi, obsédés par un pouvoir qu'ils ne veulent surtout pas perdre et quand on est une jeune pousse à l'idéalisme bien trempé, l'avenir paraît bien sombre... Rien de nouveau en politique...ni dans ce premier roman pourtant bien construit.

1 commentaire:

  1. La couverture, ces combats de coqs me plait, mais, bon, en liant ton commentaire, je sais que je ne lirai pas ce livre trop sentiers battus

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