Le titre du troisième roman de Manuel Benguigui, à l'allure anodine, cache en fait une fantaisie originale dans laquelle on se glisse avec gourmandise.
Résumer le livre serait un mauvais coup pour les futurs lecteurs, car l'un des premiers plaisirs tient justement dans la découverte d'une histoire qui prend des chemins inattendus. On peut juste dire que nous rencontrerons un bon rabbin, bien gentil, très à l'écoute des quelques fidèles qui fréquentent sa synagogue bien décrépite faute d'entretien. Ce petit monde vieillissant ne remarque pas tout de suite la venue de Jacob qui vient prier tôt le matin. Le rabbin, intrigué, va essayer d'entrer en relation avec lui d'autant que les quelques pratiquants du secteur, autant par ennui que par un début de sénilité, croient qu'un démon vient nuitamment déplacer des objets dans leur lieu de culte. Et c'est parti pour une folle histoire où le bien et le mal donneront beaucoup du fil à retordre à un pauvre rabbin qui verra sa vie se transformer du tout au tout.
Quel joueur ce Manuel Benguigui ! Après le placement des personnages dans une situation de départ, peut être improbable mais tellement machiavélique, il prend plaisir ensuite à imaginer, au fil de son écriture, leurs réactions. Et le lecteur se laisse embarquer, balayant sans sourciller quelques invraisemblances, pour ne garder que l'aspect (im)moral de ce qui devient petit à petit une fable. Derrière la comédie humaine qui nous est offerte, apparaissent des interrogations variées qui bousculent un peu l'ordinaire. L'intrigue semble légère mais remue quelques fondements moraux où le mal et bien dansent sournoisement avec leur copain "Argent". Ces trois là enflammeront les têtes dans une valse de situations et de sentiments qui montreront la faiblesse de l'humain, même de ceux qui, avec la religion, paraissent mieux bâtis pour résister. Seul, peut être, l'art offrirait une porte de sortie acceptable ou possible pour ceux qui doutent ou errent dans des zones incertaines.
Court et vif, " Un bon rabbin" procure un joli moment de lecture, où le plaisir du romanesque ne cède jamais totalement sa place à des interrogations philosophiques, donnant à ce livre un ton aussi guilleret que malicieusement profond.
N'est-ce pas lui qui a écrit le Chapeau de Mitterand ? Il faudrait que je me penche du côté de cet auteur, j'aime ce que tu n dis
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