La première constatation quand on arrive à la cinémathèque pour la visite de l'expo Jacques Demy, c'est qu'il n'y a pas la queue. Soulagement d'éviter une attente trop longue avant d'accéder au cinquième étage du bâtiment où se tient l'événement. On se dit déjà que le cinéaste nantais n'attire pas les foules comme Stanley Kubrick ou Tim Burton les saisons précédentes.
Constamment cité comme grand inspirateur par une multitude de cinéastes, le réalisateur des "Parapluies de Cherbourg" est souvent synonyme auprès du grand public de films aux dialogues chantés (donc rasoirs), de comédies musicales (pas un genre qui plaît chez nous) ou de maniérisme coloré (trop féminin, trop kitsch). Personnellement, je suis un fan absolu des "Demoiselles de Rochefort" et de "Peau d'âne" et de son cinéma en général (sauf de ses deux derniers longs métrages....) et parcourir ces décennies de création a été un réel plaisir. Superbes photos de plateaux, documents personnels, larges extraits de films mettant en avant les nombreuses thématiques de l'auteur, bouts de décors, costumes recréés ou originaux, sont là pour raviver la flamme du souvenir et surtout recomposer un moment cet univers si fascinant. Musiques, chansons, villes, ports, marins, filles fragiles mais fatales, comédiens s'interpellent par delà les années. Cet imaginaire coloré forme un tout très cohérent et formidablement mis en valeur par cette exposition.
Seulement, j'y mettrai quand même un bémol. je ne sais pas si c'est voulu, mais la multiplicité des bandes-son se mélangent beaucoup trop dans cet espace. Si l'on ferme les yeux, ces chansons et ces bouts de dialogues forment une féérie sonore émouvante et nostalgique. Mais lorsque l'on essaie de se concentrer sur la vision et surtout à l'écoute d'un extrait, cela finit par devenir un peu pénible.
Et puis, il faut l'avouer, j'ai été un peu déçu tout de même par la scénographie de l'exposition.
L'an dernier, à Nantes, passage de la Pommeraye, Agnès Varda avait reconstitué la boutique de télévisions que tenait Michel Piccoli dans "Une chambre en ville". C'était beau, fascinant, émouvant par l'exactitude de la reproduction. On était quasiment dans le film... Bêtement, je pensais retrouver cet esprit à la cinémathèque. Certes, il y a la reconstitution de la galerie d'art des "demoiselles de Rochefort" mais on ne fait qu'y tourner autour et contempler une reproduction des oeuvres exposées dans le film. La magie opère moins car n'est pas Agnès Varda qui veut. Les pâles reproductions des robes de "peau d'âne" et les bouts de papier peint tirés de divers films, nonchalamment collés dans cet espace, ont du mal à nous emporter totalement dans un rêve filmique.
Malgré tout, si vous aimez Jacques Demy et son cinéma, courez-y, vous y retrouverez son univers à la fois magique et coloré mais teinté de tragique et si vous connaissez mal le réalisateur, vous aurez, c'est sûr, l'envie de le connaître plus profondément.
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