Les délinquants, le travail de fourmi des juges pour enfants, des éducateurs divers et variés sont au coeur de cette sorte de huis-clos social qui s'essaie par ailleurs à lui donner une densité romanesque pas toujours convaincante.
Ca débute sec, avec une énergie proche de "Polisse". Une juge un peu débonnaire, ( Catherine Deneuve s'essayant à l'autorité ) se trouve face à une jeune mère immature (Sara Forestier au jeu aussi épais que son fard à paupières bleu-brillant étalé à la truelle). Une mesure éducative va être mise en place. La mère hurle, invective et se barre en abandonnant Malony , 5/6 ans dans le bureau de la juge. En route pour un placement, premier d'une longue série que le film va nous égrener durant deux heures, s'attardant plus volontiers sur l'adolescence, période bien plus sensible et porteuse.
Je suis un peu mitigé sur le film. On est tout de suite emporté par cette mise en scène énergique, accompagnant les pulsions violentes comme les colères rentrées du jeune Malony ( bluffant Rod Paradot). Les portes claquent, les tables volent, les dents se serrent à cadence régulière, éloignant le personnage d'une réelle réinsertion mais aussi d'un certain apitoiement de la part du spectateur. Il n'y a bien que la juge pour avoir un attachement pour ce jeune, mais c'est paraît-il son devoir. Le film roulant pour un hymne aux personnels judiciaires rattachés à l'enfance dont la bienveillance et la patience finissent par apparaître miraculeuses. Comme Emmanuelle Bercot croit en son personnage principal, elle va essayer de l'adoucir, on ne peut pas être une boule de violence en permanence. Il va rencontrer une jeune fille (Diane Rouxel à la présence étonnante) et esquisser difficilement quelques gestes tendres. Si ces scènes d'amour sont très convaincantes et humanisent le jeune Malony, ce sont bien les seules. Comme pour la description des adultes, notre délinquant va prendre un chemin de plus en plus romanesque voire improbable. La compassion de la juge, tout comme l'attachement que l'ado éprouve pour elle, frisent le gnangnan pour s'achever par une improbable rédemption via la non utilisation de préservatifs. Et cette fin un peu too-much fait basculer le spectateur dans une interrogation négative sur les scènes vues précédemment, s'interrogeant soudain sur le côté peut être un peu chargé de l'ensemble.
Emmanuelle Bercot arrive à capter le spectateur, à la façon de Maïwenn dans "Polisse", en jouant sur les scènes chocs, mais elle perd de la crédibilité sur la dernière partie avec cette tentation d'un possible happy-end peu crédible. "La tête haute" reste tout de même de bonne facture et remplit bien ses fonctions de cache richesse en ouverture du festival de Cannes ( ou comment donner bonne conscience aux festivaliers décorés de marques prestigieuses avec un film social ).
A la base je n'étais pas vraiment enthousiaste à le voir, n'ayant visionné que des scènes avec Catherine Deneuve (et je ne suis pas fan de l'actrice). Et puis, j'ai vu une BA complète où on voit tout ce qui se passe autour et là j'ai carrément accroché.
RépondreSupprimerDu coup, je vais aller le voir prochainement je pense :)