Alors c'est comment le nouveau Garrel ? C'est dans un noir et blanc très chic et très beau, il faut l'avouer, mais bon, la dernière fois pour "La jalousie", c'était déjà le cas. Cette fois-ci, toujours dans un décor d'appartement lépreux semi-insalubre, on trouve une vraie princesse (Clotilde Courau) qui revient courageusement à ses origines et un beau gosse photogénique qui fait la gueule et joue le bel indifférent (Stanislas Merhar). Elle surveille les cantines de la ville de Paris tout en aidant son mari, documentariste en recherche d'un vague succès, dans la réalisation de portraits de résistants. Ils n'ont pas l'air d'avoir grand chose à se dire et donc, pour meubler cette vie assez morne, prennent amant et maîtresse. Mais l'infidélité est un jeu qui brûle parfois...
Comme je connais peu le cinéma de Garrel, j'ai pris le film tel quel, sans m'appuyer sur les oeuvres précédentes, chose qui semble être le point d'accroche quasi unique si j'en juge les critiques. Brut de pomme et sans le filtre cinéphile, je dois dire que pépère Garrel n'est guère moderne. La situation boulevardière, mais en version prise de tête, est tout autant éculée que ringarde. Ils s'aiment (enfin il paraît, en fait, ils sont englués dans des petites habitudes) mais se trompent l'un l'autre. Comme le mâle trouve ça normal qu'il aille voir ailleurs, il fait la gueule parce que son épouse, elle, n'a pas le droit. Il sait que c'est con comme raisonnement mais l'impose tout de même. Elle sait que c'est con aussi mais en bonne gourdasse, elle obéit. Elle l'aime quoi ! (Alors que l'autre mec est, à mon avis , nettement plus attachant. Si j'avais été à sa place, je l'aurai planté là le macho !). Bref, la situation est un poil énervante car on ne sent jamais le moindre attachement entre eux. Et même si Louis Garrel (en voix off) essaie de nous dire le contraire, la mine chiffonnée de Clotilde Courau n'y peut rien, on a envie envie de hurler : Mais barre-toi ! Il faut dire que Garrel (le réalisateur) n'arrange pas les choses en filmant Mlle Courau et Mlle Paugam, les deux qui couchent avec Mr Merhar, sans les flatter une seconde, mettant en évidence la mine terne et leurs robes aussi fripées que leur teint. Je sais bien que c'est sans doute du cinéma réaliste mais alors pourquoi le beau Stanislas, pourtant faisant toujours la gueule, est, lui, toujours à son avantage ? (Je parle physiquement parce que pour sa beauté intérieure, on repassera.)
" L'ombre des femmes" est toutefois joli à regarder, mais pas de quoi quand même soulever les foules de plaisir. C'est servi accompagné de quelques notes composées par Jean Louis Aubert ... Là encore, c'est vendeur sur le papier ...à l'écran , cela reste anodin. Au final, l'ensemble paraît vieillot et sans grande nouveauté. Sur un thème archi rebattu, le cinéaste ne renouvelle pas le genre, semble même s'enfoncer dans un conformisme d'un autre âge et lui donne seulement un écrin classieux pour cinéphiles avertis.
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