mardi 8 septembre 2015

The lesson de Kristina Grozeva et Petar Vatchanov


Nadia, prof, raide, à l'allure rigide essaie de défendre un élève de s'être fait voler fait voler de l'argent dans sa salle de classe. L'enseignante va tout faire pour trouver le coupable et l'argent. Mais les leçons de morale, les possibilités de rendre de façon anonyme ne fonctionnent pas. Nadia en est peinée, son honnêteté viscérale est mise à rude épreuve. De retour chez elle, la journée grise tourne au noir. Son mari, peu scrupuleux, a utilisé l'argent destiné à payer le crédit de la maison pour l'achat d'une pièce de moteur pour son camping-car. Du coup les huissiers sont mis sur le coup, le couple a trois jours pour rembourser. Le camping car s'avérant invendable, Nadia n'a plus que son courage et sa détermination pour réunir la somme demandée.
Ce film est une rareté, non pas parce qu'il vient d'un pays dont on voit peu la production (la Bulgarie) mais parce qu'il y a des mois que je n'avais pas vu un film avec un tel suspens. Bien plus fort que de nombreuses productions plus riches, plus commerciales, "The lesson", fait avec des bouts de ficelle, tient en haleine les spectateurs, faisant même hurler la salle lors de certains rebondissements alors que rien de sanguinolent ne se passe, juste les péripéties toutes simples d'un scénario qui fonctionne à plein régime, le manque d'argent étant un sujet parlant pour beaucoup de monde.
Seulement, il ne suffit de belles idées scénaristiques, il faut en plus d'une mise en scène inspirée, un propos et une toile de fond intéressante. Ici, il y a tout, une caméra présente qui filme au plus près son héroïne pour mieux nous mettre en empathie avec elle et surtout le portrait culotté d'une Bulgarie qui s'essaye à l'économie de marché, avec ses nombreux petits escrocs, ses usuriers mafieux et une population prise à la gorge qui est prête à balancer aux orties le fond d'honnêteté qui reste. Dans ce monde où les valeurs ne sont plus que celle de l'argent et de la vitrine consumériste, Nadia, telle une abeille emprisonnée dans une bouteille, se heurte constamment à cette réalité, emportant le spectateur dans cette course poursuite haletante où s'emmêlent le vice et la vertu. Parviendra -t-elle à trouver une issue, à se défaire de ce camping car en panne qui bouche l'entrée de sa maison, le véhicule devenant ici le symbole des désirs libéraux de cette société post communiste ?
The lesson, est une fable vraiment réussie qui arrive à tenir un propos universel. Jouant sur un suspens intégral et ne se privant pas de donner un vrai point de vue sans être une seconde didactique, le film est sans conteste la meilleure surprise de cette rentrée un peu pâlichonne, offrant aux spectateurs la certitude de passer un moment à la fois passionnant et intelligent !


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