mercredi 29 juin 2016

L'effet aquatique de Solveig Anspach




Ce film procure un sentiment de douceur et de bonheur qui vous poursuit longtemps. On sort de la salle, presque en apesanteur, les yeux et la tête encore tout ravis de cette histoire simple qui n'est pas que jolie.
Si les amours hésitantes d'un grutier et d'une maîtresse-nageuse, sur le papier, ne possèdent pas, à priori, le profil d'un scénario à faire courir les foules, sur l'écran, il en est tout autrement. En concentrant la première partie de son récit dans une piscine comme il en existe des milliers, Solveig Anspach glisse sa caméra dans les vestiaires où déambule un personnel un poil loufoque et suit au fil de l'eau ce grand gaillard amoureux dingue de ce petit bout de femme énergique. Comme un petit garçon, touchant d'hésitation et de d'espoir, il se laisse aller à des leçons d'apprentissage de la natation un peu ridicules. L'avantage de ces cours, c'est que les corps sont assez dénudés et que fatalement les rapprochements sont inévitables. La réalisatrice n'a pas son pareil pour saisir les mouvements de cet amour naissant, en les rendant aussi gracieux qu'un doux ballet aquatique. Cette première partie est un pur bonheur, jamais mièvre car alliant avec talent approche amoureuse et douce dinguerie. Florence Loiret-Caille et Samir Guesmi forment un tandem extraordinaire, elle, petite boule de nerf qui va peu à peu s'adoucir sans s'en apercevoir et lui, à l'affût du moindre signe de tendresse de la part de celle qu'il aime à la folie. Les regarder se tourner autour, s'apprivoiser doucement grâce à une caméra d'une infinie douceur se révèle un plaisir rare et fera fondre les plus durs des spectateurs. Mais, un film romantique sans contrariété, ça n'existe pas. Le hiatus se vivra dans une deuxième partie islandaise, peut être un peu moins réussie, mais filmée avec toujours la même empathie joyeuse. La dinguerie sera aussi du voyage. Vous connaîtrez les douches naturistes des piscines islandaises chauffées à la géothermie, les machines à café récalcitrantes et un projet "Together" loufoque mais porteur d'un doux message de paix. Si la comédie redevient plus conventionnelle, les deux acteurs principaux continuent à dégager cette aura romantique et rêveuse, portant le film avec talent jusqu'à un final attendu mais ô combien magnifique. Le dernier plan, aussi beau que gracieux, aussi heureux que poignant, à la fois  message d'amour et geste d'adieu, emporte soudain ce dernier long-métrage de Solveig Anspach vers des sommets inattendus, effaçant d'un coup les légères réticences évoquées plus haut.
Cette comédie romantique, au charme inoubliable parce portée par un vrai regard de créatrice qui y pose aussi une subtile dose de féminisme et un formidable duo d'acteurs, est sans doute la meilleure raison de dire à son entourage pour éviter une invitation ennuyeuse : "Ah ! Désolé! J'ai piscine!" Et sans enfiler ni maillot orange avec palmier, ni bonnet de bain trop petit, plongez dans votre ciné le plus proche et goûtez vous aussi à cet effet aquatique, il vous donnera du bonheur pour le reste de la journée !



2 commentaires:

  1. Que ce fut appréciable de plonger dans le grand bain! J'ai adoré le début, ce fabuleux effet aquatique, magique...

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