lundi 3 octobre 2016

Dogs de Bogdan Mirica


Si lors d'un moment d'égarement sur un site de locations saisonnière, vous tombiez sur la fermette qui répond à votre recherche de tranquillité et qu'elle se situe en Roumanie, fuyez ! Sa campagne rase, aux herbes folles  ne possède aucun charme, tout comme nous le montre le splendide plan d'ouverture de "Dogs" : quelques pousses rares, des bouts de bois aux allures de pièges à lapins bricolés à la hâte, que balaye une caméra qui finit par survoler une étendue d'eau saumâtre, couverture d'une verdure peu ragoutante et d'où émerge dans une gargouillement sinistre une simple chaussure remplie du pied de son propriétaire. Le ton est donné. On va pas rigoler.
Et on ne rigole pas ! Roman a hérité d'une ferme et des 550 hectares de prairies alentours et désire s'en défaire bien vite. On le comprend, lui, jeune homme moderne habitant la capitale, se retrouver dans une habitation quasi insalubre où l'eau courante est rare, ça vous donne envie de prendre vite fait la poudre d'escampette. L'endroit est sinistre, mais rudement bien placé, car jouxtant une frontière. Et, c'est là un autre défaut, le lieu devient, la nuit tombée, le théâtre de réunions de 4x4 avec pare-buffles qui fleurent plus la mafia locale que la réunion du club de crochet local. Perso, je me serai barré vite fait, mais je en suis pas courageux comme un héros de film. Roman flaire que tout cela est nauséabond et franchement glauque, mais reste. La suite donnera raison à ma couardise et me clouera sur le fauteuil.
Bogdan Mirica, le réalisateur, va sans doute s'ajouter à la petite liste de réalisateurs roumains que l'on va suivre. "Dogs", son premier film, admirablement cadré, aux relents des frères Coen qui auraient digéré Sergio Leone, installe un climat de plus en plus lourd au fur et à mesure qu'il avance. La caméra prend le temps de scruter ses personnages ( trop parfois peut être, notamment la scène de l'extraction du pied de la chaussure). Cette lenteur, un peu western spaghetti, surtout plaquée dans des paysages d'herbes sèches, crée un climat pesant et malsain. La tension était palpable dans la salle car on pressentait que le film était capable de tout. Sans tomber dans le gore véritable, "Dogs" tient ses promesses, balançant évidemment une métaphore guère glorieuse sur la Roumanie : la jeunesse rêve de lendemains plus dorés, les anciens ne veulent que rien ne bouge surtout quand la corruption les nourrit et la police ne peut que supporter cette gangrène qui asphyxie le pays et sans doute pour longtemps. Pauvre jeunesse roumaine !


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