mardi 9 mai 2017

Snjor de Ragnar Jonasson


Et si Agatha Christie s'était réincarnée en homme ? Franchement, à la lecture de "Snjor" ( neige si l'on veut une traduction, et dont le titre original " Snjoblinda" signifie " aveuglement dû à la neige" ... merci à F. pour ces précisions), on pourrait penser que désormais notre chère reine du polar anglaise  vit en Islande sous le nom ( pseudo ?) de Ragnar Jonasson. L'intrigue, la petite ville de province, les personnages nombreux et ayant tous un secret à cacher, rappellent indubitablement la célèbre romancière. Seul le héros, un jeune flic fraîchement sorti de l'école de police rafraîchit le genre en reléguant aux oubliettes les vieux enquêteurs à la Poirot ou à la Marple,
Le roman débute par la mystérieuse découverte dans la neige d'un corps féminin a demi dénudé et baignant dans son sang. Puis, dans des chapitres en italiques, une femme se fait agresser chez elle, sans que l'on sache quand, ni où . Construit de façon assez subtile, le roman nous fait pénétrer petit à petit dans le coeur d'une histoire qui ne s'emballera jamais, mais qui distille une bonne dose d'inconnu pour attraper le lecteur sans jamais le lâcher jusqu'à la fin. La jolie campagne anglaise est troquée ici par un petit port de pêche isolé du nord de l'Islande, où tout le monde se connaît ( ou croit se connaître), où chacun épie l'autre et où surtout est nommé un jeune policier, Ari Thor, aussi sympathique que novice et impulsif. Ses déambulations dans ce village, ses visites et interrogatoires chez les nombreux personnages qui gravitent autour des victimes sont aussi des prétextes pour nous faire pénétrer dans la vie des islandais. L'importance du froid, de l'isolement sur cette petite communauté aux apparences si tranquilles, le détail de certaines us ou coutumes  apportent au récit un supplément d'âme, glissant un léger contenu sociologique au milieu d'une intrigue forcément oppressante puisque tout ce joli monde se retrouve totalement isolé par des congères alors que rôde un assassin...
"Snjor" parvient à se hisser au niveau d'un Indridason, prouvant encore une fois, que le polar venant du nord a encore de beaux jours devant lui, comme si les longues nuits polaires stimulaient, encore et toujours, l'imagination de ses habitants. Je me jetterai sans problème sur la nouvelle parution de cet auteur que je recommande aux amateurs de romans policiers softs. 

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