2 questions ( titre oblige) que l'on peut se poser sur "Deux Moi".
Le jeu de mots du titre trouve-t-il quelconque résonance dans le scénario?
"Deux Moi" , "De Moi", "Deux Mois", les trois peuvent trouver leur place dans le film.
"Deux Mois" tout d'abord, pas parce que l'histoire se déroule dans ce laps de temps mais plus sur la longueur que ressent le spectateur durant la projection. Ce n'est pas que l'on s'ennuie vraiment, mais l'histoire traîne pas mal, surtout que l'on devine la fin dès les premières minutes. On sent le temps passer lentement, malgré quelques apparitions tonitruantes de comédiens ( Pierre Niney, Eye Haïdara) venus donner du peps à cette chronique assez pâlichonne, à l'image des deux interprètes principaux, François Civil et Ana Girardot, bien mignons, mais aussi un peu fades ( bon, ok, ils sont dépressifs ...)
"De Moi" , car il est beaucoup question de soi, enfin de moi si l'on se place du point de vue des personnages. Et que je me sens seul(e), nul(le), portant la poisse. Et que je consulte un psy pour me raconter et arriver à la source du problème : la famille ( qui, une fois son sort réglé, verra de nouveau s'épanouir nos deux jolis trentenaires).
"Deux Moi" rejoint pas mal le titre précédent, puisque Rémy et Mélanie, les deux gentils parisiens, sont deux solitudes qui, comme beaucoup de contemporains, tournent pas mal autour de leur nombril. La plupart des gens qu'ils rencontrent seront sur le même créneau...
Cédric Klapisch, comme dans "Chacun Cherche Son Chat" et "L'auberge Espagnole" se pose-t-il toujours avec autant d'acuité comme un fin observateur de son époque ?
Puisque l'histoire traîne un peu, on a grandement le temps d'appréhender les thèmes évoqués dans le film. Comme nous sommes en 2019, on trouvera donc un regard sur les réseaux sociaux, la solitude urbaine, les applis de rencontres et au-delà, la vie sous un régime capitaliste. On y trouvera une nouvelle fois Paris (bien) filmé comme un personnage essentiel mais aussi des clins d'oeil à ses précédents films...
Cédric Klapisch continue donc à infuser sa sociologie et son regard sur une France des villes, perdue, souvent seule et en quête d'un bonheur qu'il faut voler à un quotidien morose, coincé entre un monde de plus en plus robotisé, en perte de sens et de réel. Mais dans son scénario plutôt nonchalant ( même s'il s'est acoquiné avec Santiago Amigorena, que l'on aperçoit dans le film et qui connaît une rentrée littéraire bien partie pour lui accorder un prix), les quelques annotations sur l'époque restent esquissées, voire proches du cliché. On sent que son film lorgne vers le feel good movie qui fait tellement de bien et tellement tendance. On ne nous épargnera pas les préceptes actuels des vendeurs de développement personnel : aime toi toi-même tu aimeras mieux les autres, tu pourras vivre ( enfin) un vrai amour, le bonheur est près de chez toi ( dans le film vraiment tout près), ouvre les yeux, ton coeur ( le film ne parle pas de chakras), fuis les écrans rien ne vaut le réel.
Tout cela, sans toutefois tomber dans le rose bonbon absolu, reste quand même trop gentiment mignon ( oui, on même droit à des scènes craquantes avec chaton, comme quoi Mr Klapisch connaît bien son sujet), pas désagréable mais un poil paresseux.
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