La campagne. Profonde. Un château. En ruine ou presque. Dedans, une baronne, vieillissante. Pas loin, un ado. Fils du métayer. Et des liens qui vont se nouer au fil des mois entre cette femme austère et ce jeune homme sensible. Comme ( trop? )souvent dans les romans, il faudra aller chercher dans le passé, sur les traces d'un enfant mort, les clefs pour mieux appréhender un présent étouffant.
Ce roman est étrange. Au début, on a du mal à le situer dans le temps. Cette châtelaine avec sa famille de métayers, cela très début du siècle dernier. Puis, petit à petit, au gré de quelques petits détails contemporains, il faut se rendre à l'évidence, l'hommage déguisé à François Mauriac, est bien situé de nos jours, même si l'héroïne est d'un autre temps et le jeune garçon guère représentatif du collégien moyen des années 2010.
Si l'on arrive à faire l'impasse sur cet ado anachronique, totalement improbable, le roman possède des qualités indéniables. L'écriture est classique, agréable, l'histoire, profondément psychologique, bien menée. Cela pourra plaire à un lectorat nostalgique des romans d'antan, ceux qui garnissaient les rayons des bibliothèque bien pensantes. Les personnages sont bien fouillés et arrivent à devenir crédibles dans leur cheminement intérieur. Cependant, à vouloir concocter une histoire aux ressorts maintes fois éprouvés ( faire le deuil d'un enfant ), Jean Marie Chevrier a un peu de mal à me captiver. Le dernier tiers du livre, mélange d'action (attention ce n'est pas un polar trépidant non plus, disons que ça s'agite un peu plus !) et de tension psychologique ( avec le lourd symbole de la deuxième mort du fils ) tombe un peu trop dans le déjà lu. Toutefois cette ambiance vieillotte, surannée, n'est pas désagréable. En plus d'imaginer une adaptation pour le cinéma ou la télévision (un beau rôle pour une actrice acceptant de s'enlaidir ), ce roman se considère un peu comme un vieux meuble, magnifique copie d'ancien dont on apprécie la patine et la qualité du travail. "Madame" reste cependant un peu trop classique et prévisible pour que sa lecture m'ait bouleversé.
Un très joli billet qui parle très justement de ce roman. Personnellement ce flou temporel a fini par m'énerver... et par devenir une grosse incohérence du récit.
RépondreSupprimerMême si tu sembles avoir apprécié plus que moi, je me retrouve tout de même beaucoup dans ton billet, que je me permets de citer à la fin du mien, si tu le permets,
Au plaisir de te lire,
Cajou