vendredi 29 août 2014

Party girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis



Angélique, la soixantaine bien marquée, est hôtesse dans un bar de nuit. Toujours payée au bouchon, elle ne fait pourtant plus recette auprès de cette clientèle masculine morne et pas toujours tendre avec cette femme vieillissante. Pourtant, un homme va s'intéresser à elle et même lui proposer de l'épouser ! S'en suivra le parcours classique des fiancés vers le mariage : installation, présentation à la famille, ici bien décomposée et disparate, les hésitations de la mariée, la noce et la nuit qui suit.
Party girl est un film aux aspects charmants mais bancal, La caméra suit cette femme trop maquillée, trop bijoutée, trop coiffée.  L'amour et une certaine tendresse circulent dans les scènes même si Angélique n'est au demeurant pas très sympathique. Fleur bleue à jeun et pleine de sensibilité, elle devient vite insupportable après quelques verres.. Le scénario ne cache rien ses diverses facettes, la rendant ainsi plus humaine et voire un peu plus complexe. La première moitié du film finit par emporter l'adhésion à l'arrache, malgré cette volonté un rien agaçante de jouer les bobos filmant le vrai peuple.
Malheureusement la deuxième partie va tomber dans le mélo un peu lourd. Si le personnage d'Angélique arrive à nous toucher par son intégrité et sa résistance aux moules, le scénario, lui, emprunte un peu trop des chemins sirupeux, parfois de manière un tantinet too much, comme dans la scène des déclarations d'amour durant le mariage, où la vérité des protagonistes est un peu surjouée et rate complètement sa cible tellement c'est risible. Les mouchoirs restent dans la poche devant cet alignement de bons sentiments. À vouloir filmer au plus juste, avec les vraies personnes, en imposant cette fiction/documentaire rejouée, les réalisateurs signifient par là même le silence aux critiques .... Puisqu'on vous dit que tout est vrai ! Vrai oui, mais à la sauce téléréalité, faut des larmes pour emporter l'adhésion du public coco ! Ok pour l'hommage filial et pour le partage de cette vie non exempte d'émotions, mais non merci pour cette dose de cuculterie béate. Puis bizarrement, alors que l'on est quand même dans un registre impudique, le film le devient nettement moins lorsqu'il s'agit d'aborder la sexualité de la maman. Le scénario n'ose pas aller jusqu'au bout, comme si soudain cette femme à la vie sexuelle bien remplie devait devenir une sorte d'icône. J'ai vraiment tiqué à la scène de la nuit de noces...  Oui il y a de l'émotion mais proche du niaiseux pourtant. Ils seraient donc arrivés vierges l'un de l'autre jusqu'au mariage ? Je sais qu'on la voit se refuser quelques scènes avant....mais c'est quand même peu crédible. Alors se pose la question : Angélique est une nouvelle pucelle ? Une illustration de : toutes des putes sauf ma mère ? Blanche-Neige reine du lap dance ?
En tant que spectateur, j'ai choisi plutôt de suivre Angélique libre dans sa tête, thème majeur du film. Et je pense que c'est ce que l'on retiendra de ce film, ce portrait singulier d'une femme qui rejette les compromis. Mais toutes ces scènes un peu convenues et ce filmage naturaliste à la Kechiche qui finit par faire cliché quand on nous montre le milieu prolétaire, "Party girl" sent un peu trop l'épate bourgeois, le film bonne conscience, masquant mal son propos un soupçon vaniteux. Il a eu la caméra d'or. Tant mieux pour lui. Personnellement, j'ai plus vu de promesse de beau cinéma dans  "Les combattants" de Thomas Cailley...



1 commentaire:

  1. Bonjour Pierre D. J'ai vu les combattants mais ne suis pas très tentée par Party Girl (et ton billet ne m'incite pas a y aller). Bonne après-midi.

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