Ça, c'est ce qui transparaît dans les médias depuis une semaine. La critique, de plus en plus bienveillante avec le réalisateur, applaudit des deux mains. Il faut l'avouer, il y a dans ce film un des ingrédients principal qui fait monter les critiques aux rideaux : les références ! Là, Ozon n'a pas lésiné. On le savait grand fan de Douglas Sirk et de ses mélos, il y est abondamment cité. Mais on peut aussi y trouver, en vrac, des clins d'œil à Truffaut, Éd Wood, Todd Haynes, Almodovar. même à Xavier Dolan ( c'est fun non ? ) mais également à lui même, certaines scènes rappelant furieusement pas mal de ses films ( Potiche, 8 femmes, Ricky, entre autres) . Alors avec tous ceux là ( et d'autres sans doute), il est facile d'écrire tout un tas de fariboles toutes plus pointues et intelligentes les unes que les autres, mais qui ont pour fâcheuse tendance de camoufler parfois quelque peu la réalité du film. Ce genre de propos s'adresse en premier lieu au public cinéphile qui, pense-t-on, adore jouer à rechercher les hommages .... C'est un jeu comme un autre, cela ne faisant pas pour autant les bons films.
Donc au milieu de ce dispositif de références, il y a une histoire, dont le point de départ est connu de tout le monde. Un jeune veuf, afin de rassurer son bébé désormais orphelin, revêt les vêtements de son épouse au moment de le nourrir. Surpris par la meilleure amie de la défunte, il finira par avouer avoir toujours aimé se déguiser en femme et profiter de cette occasion pour assouvir ses désirs. Entre ces deux personnages, une relation ambiguë va naître. L'un assumera de plus en plus son goût pour le travestissement et l'autre accentuera sa féminité pour le moins mise en quarantaine depuis sa naissance. Répulsion, incompréhension, attirance, ambivalence, l'histoire va explorer ce territoire de l'intime, par petites touches, sans jamais vraiment approfondir, en finesse mais aussi en gommant systématiquement le côté militant et surtout réaliste de la chose. On est clairement dans le mélodrame. C'est d'ailleurs annoncé dès les premières minutes dans une longue scène tellement dégoulinante de clichés et de guimauve autour des années d'enfance et d'adolescence des deux amies, que la suite pourrait paraître presque sobre.
Je dis presque car, en plus d'un décor à la " Desperate housewives" , l'image est particulièrement travaillée et surtout composée avec grand soin , passant d'une douceur angélique à une esthétisante froideur glacée, nous signifiant sans détour que nous sommes dans une fiction hautement romanesque. A mi chemin entre le drame et la comédie, le film hésite constamment à verser dans un genre ou dans l'autre, contrairement aux personnages qui eux vont accepter toutes leurs ambiguités. Et si le film arrive à être intéressant, c'est qu'au milieu de ce dispositif hésitant (pour ratisser plus large ? ) il y a Romain Duris et Anaïs Demoustier tout simplement extraordinaires. A eux seul ils donnent à cette histoire une épaisseur que le traitement mélodramatique rabote constamment. Lui, est totalement crédible et émouvant en père qui aime se travestir et ce, malgré l'outrance de certaines tenues. L'interprétation exceptionnelle de Romain Duris aussi sobre que ses tenues sont extravagantes, évite l'obstacle de la caricature et est au diapason de celle d'Anaïs Demoustier qui enfonce encore une fois le clou pour prouver qu'elle est surement l'une de nos grandes jeunes comédiennes actuelles.
Pour eux et aussi pour la petite provocation du projet (ainsi que la scène finale, joli pied de nez aux rétrogrades), "Une nouvelle amie " peut être vu. Cependant son traitement kitchissime, un peu facile et assez mièvre, en plus de diminuer la portée du propos, aura certainement un côté agaçant pour certains spectateurs.
Mais quels acteurs!!! Anais demoustier est une grande!!
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