Il y a des séries dans la vie qui sont souvent le fruit du hasard. Ainsi, des appareils ménagers tombent en panne quasi au même moment ou un lecteur lit le même mois, trois romans avec pour toile de fond le naturisme.
Après, "Le côté gauche de la plage" de Catherine Cusset et "Je suis capable de tout" de Frédéric Ciriez, voici donc "Les dunes sauvages" de Marie Dô présenté sous une très jolie couverture "pelliculée soft touch" ( précision de l'éditeur, qui ne ment pas, le livre a un toucher très agréable).
Contrairement aux deux précédents où le naturisme servait surtout de décor, "Les dunes sauvages" adopte un côté plus militant. Le personnage principal, pourtant réfractaire à ce mode de vie, verra son existence prendre un autre départ une fois qu'il aura accepté de se débarrasser de ses vêtements. Mais là où les deux autres adoptaient un ton vraiment littéraire, celui-ci choisit l'option roman facile à lire, fait pour la détente, les vacances.
Je le dis très franchement, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans cette histoire. Tout d'abord, le héros est fort antipathique et le restera, pour moi, jusqu'au bout. Cela aurait pu être un parti-pris intéressant et inconfortable, mais ici, vu la trame très romanesque, cela m'est apparu comme une maladresse. Fraîchement divorcé d'une certaine Tess qui en avait marre de ne pas exister à ses côtés, lui préférant de multiples tournages de pubs à l'autre bout du monde, Sébastien sombre dans la déprime et, sur les conseil d'un ami médecin, arrête tout et part en vacances dans un bungalow qu'il avait offert à son ex-femme lors d'une Saint Valentin... Je n'épiloguerai pas sur le prétexte pour envoyer Sébastien dans un centre naturiste sans qu'il le sache, mais il est sérieusement tiré par les cheveux et sert aussi à lui brosser un portrait où les clichés s'enfilent comme des perles. Au final, on se demande comment un réalisateur de pub peut être aussi coincé et aussi obtus. Une fois au "camp Robinson", nom du lieu de villégiature, le collier de clichés s'enrichit avec l'ajout de voisins naturistes tous épris de yoga, de méditation, de spiritualité (Je note toutefois que Marie Dô nous a finement évité le plus gros, les naturistes partouzards !) mais aussi d'une intrigue amoureuse genre Harlequin. Sébastien croise la ravissante Mona mais leur première rencontre n'augure en principe pas une scène érotique de sitôt, laissant donc penser que le fraîchement divorcé mettra sans doute tout en oeuvre pour conquérir cette belle créature.
Devant autant d'écueils, j'aurai pu quitter ces dunes sauvages sans regret, mais je suis tenace et comme sa lecture restait somme toute facile, j'ai continué. Et j'avoue que dans sa deuxième partie, dès que Sébastien accepte enfin d'enlever son slip, j'ai trouvé le roman plus séduisant. L'espace infini de ces plages girondines qui ont su garder un côté naturel s'engouffre entre les pages. On entend le bruissement léger des pins, les rouleaux de l'océan, on sent le sable que l'on égrène du bout des doigts, le soleil sur la peau. Les personnages qui exhalaient les clichés deviennent plus profonds, plus émouvants. Le récit, tout en restant sur les rails de la légèreté, n'avance pas comme on pouvait le supposer. L'émotion pointe, le lecteur est mieux accroché. J'avoue avoir bien aimé les scènes de fin de séjour qui épousent très subtilement les sentiments que l'on éprouve tous lorsque les vacances se terminent et que nous allons retrouver notre habituel quotidien.
Autour d'une trame qui fleure le téléfilm pour chaîne de la TNT, "Les dunes sauvages" arrive au final à faire passer un agréablement moment. Simple à lire mais avec trop de facilités romanesques, je retiendrai surtout un joli plaidoyer pour une vie simple, naturelle et nue. Et aussi, cette phrase qui résume sans doute le fond du roman : " Nu, on devenait transparent, on lâchait ses défenses en même temps que sa pudeur, on épluchait ses bobos intimes comme on traquait un poil superflu". Et un tout petit peu plus loin : " Cessons de faire du corps un drame".
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