vendredi 14 octobre 2016

L'odyssée de Jérôme Salle



J'ai passé deux heures devant un aquarium. C'est long, très long. C'était pourtant un bel objet. Pour 22 millions d'euros, il y avait tout ce qu'il faut comme herbes à belle allure, des décors grandioses, des poissons en veux-tu en voilà, même un orchestre de violons et quelques acteurs connus qui faisaient trempette dedans ! Mais, même dans le plus bel aquarium du monde, se passionner pour cette vie aquatique qui se résume à quelques gracieux mouvements de nageoires ou ondulations de quelques espèces colorées relève ou de la passion la plus aveugle ou d'un cerveau reptilien.
"L'odyssée" nous cause de la vie du commandant Cousteau, homme que l'on a tant aimé à la télévision quand on était môme, nous enthousiasmant pour ses aventures sous-marines. Le portrait oscille entre l'hagiographie et l'envie d'écorner un peu l'image de l'homme au bonnet rouge, histoire de donner un vague intérêt au film. Seulement à l'écran, à part peut être une seule scène qui doit dépasser les trente secondes, c'est une succession de pastilles magnifiquement léchées façon carte postale. Cela  aurait pu donner un joli tableau pointilliste mais, au final, on a l'impression de se retrouver devant le rayon poissonnerie kitschement mis en scène du Leclerc d'à côté. L'esthétique donnée à cet ensemble, c'est à dire ce nappage de couchers de soleil à gogo, de scène de bord de mer filmés en fin d'après-midi lorsque l'astre solaire donne de jolies couleurs orangers, d'amples mouvements grandioses de caméra, balayant, au choix, la mer ou Pierre Niney et Lambert Wilson joliment bronzés, tirent ce biopic vers l'enluminure publicitaire. D'ailleurs, au début du film, un plan d'un petit garçon jouant avec un avion nous renvoie instantanément dans la publicité Emirates vue juste avant, où un semblable môme joue avec un Boeing (?) mais avec Jennifer Aniston. Nous regardons donc s'ébattre des comédiens célèbres qui essaient comme ils le peuvent de donner un peu d'intensité à leurs personnages. Les dialogues minimes qu'on leur a demandé de glisser dans ces toutes petites scénettes ne les aident pas. A ce petit jeu, seule Audrey Tautou arrive à surnager, donnant un peu d'intensité à son personnage de presque matrone vaguement alcoolo mais hélas secondaire. A part un joli face à face ( d'une minute !) entre Lambert et Pierre Niney et un autre où Wilson est remplacé par une baleine, on ne ramène rien à la maison et surtout pas un aquarium !


3 commentaires:

  1. hi hi, très rigolo ton commentaire ! Bye bye la séance de ciné ! A la place, je vais m'acheter une sole au rayon poissonnerie de mon Leclerc et j'aurai une petite pensée émue pour toi

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  2. J'ai vu le film, rien de tel que se faire un avis perso. J'en suis sortie très partagée, J'y ai appris de choses et vu de bons acteurs. Par contre j'ai trouvé qu'on faisait peu de place à Jean Michel (comme dans la vie de Cousteau semble-t-il) et un Falcon en retrait. De belles images très présentes, quelquefois des scènes sentimentales dont on aurait pu se passer.Mais de belles scènes aussi...

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  3. Mon dieu ce que c'est long et prétentieux comme commentaire...

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