Une belle quarantenaire (Sandrine Kiberlain) rencontre une belle jeunesse de 20 ans de moins ( Agathe Bonitzer) qui n'est autre qu'elle même. Scénar un peu fantastique qui, aux states aurait pris des allures folles mais qui devient sous le regard Sophie Fillières, une chose poétique, un peu absurde, tendre et grave à la fois. Même si on ne croit pas une seconde au scénario, on se laisse embarquer par la cinéaste qui met à l'écran le stradivarius Kiberlain pour laquelle elle a écrit des dialogues formidables et inventer des situations qui lui permettent d'emporter l'adhésion totale du spectateur.
Le film démarre sur les chapeaux de roue, enfilant des scènes de comédies écrites au millimètre présentant les deux Margaux ( c'est le prénom de l'héroïne) qui foncent vers leur destin de cinéma : la rencontre dans une salle de bains face face à un miroir. Alors oui, les symboles sont en marche, le double, le destin ( la vie, la mort),... Puis, l'histoire prend sa vitesse de croisière, la confrontation des deux ( mêmes) femmes,l'une face à une vie que l'autre connaît, l'autre face à une elle même dont elle voudrait corriger les erreurs. Ca ne fonctionne pas trop mal, grâce aux dialogues mordants, à tiroirs. On entre volontiers dans le jeu mais, au fur et à mesure, il y a comme un hiatus, quelque chose empêche une adhésion totale .... Et soudain, on comprend...enfin je comprends, car j'ai bien peur que ce soit personnel : comment la lumineuse, drôle, fantasque, tendre Margaux jouée par Sandrine Kiberlain a pu être cette désagréable Margaux que joue la toujours pincée Agathe Bonitzer ? Comment passe-t-on de pimbêche sans affect à une femme pleine de douceur ? Le film ne nous le dira pas...
Oui, j'ai un problème avec Agathe Bonitzer ! Sa peau diaphane prend bien la lumière, elle balance les dialogues avec justesse ( et parvient à nous faire sourire) mais son côté petite bourge hautaine en pétard (m')est insupportable... C'est peut être le rôle à l'écran ( cela m'étonnerait, elle est pareille dans tous les films où elle joue, c'est dire ceux de son père, de sa mère et de quelques copains de la famille), mais la confrontation face à Sandrine Kiberlain toute en nuance et en fragilité rigolote, joue à son désavantage et rend le film bancal, lui ôtant un peu plus de poésie au fil des scènes. C'est totalement flagrant lors de la séquence finale très subtile scénaristiquement. Là où Sandrine Kiberlain fait passer des milliers d'émotions en deux regards, trois gestes, donnant au film toute sa dimension nostalgique et grave, Agathe Bonitzer se contente d'un regard forcément froid derrière la vitre d'un wagon....
"La belle et la belle" reste une comédie décalée et bien écrite mais rendue trop fragile par un casting bancal. Surnage bien sûr Sandrine Kiberlain qui emporte le morceau haut la main et donne toute la force au film.
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