Porfirio Rubirosa n'évoque plus grand chose à grand monde aujourd'hui, tout au plus un nom cité il y a quelques mois lors du décès de Danielle Darrieux qui fut son épouse dans une période troublée de notre histoire. Mort dans un accident de voiture en 1965, son nom qui faisait frémir tous les échotiers du monde entier, s'est petit à petit perdu dans les limbes d'une mémoire de plus en plus volatile. Pourtant durant plus de 40 ans, Rubi ( comme on le surnommait) fut un des membres les plus flamboyants, les plus troubles de cette jet-set qui naviguait dans les lieux les plus snobs de la planète. Cédric Meletta, sans doute passionné par les destins ambiguës ( il est l'auteur d'une biographie de Jean Luchaire, patron de presse collabo et fusillé en 46), est parti à la recherche de ce que fut cet homme souvent considéré comme un play-boy ( il paraît que ces gros moulins à poivre de forme phalliques ont été surnommés Rubi du temps de sa grandeur...).
Oui, la vie de Porfirio Rubirosa est totalement romanesque. Né en république dominicaine dans une famille fortunée, il fut, après des études en France, diplomate, ambassadeur, consul, du temps de l'infâme dictateur Trujillo ( un peu oublié lui aussi qui, entre autres voulait blanchir son île de la Dominique dont il était le président, et a, pour cela, fait décapiter à la machette des milliers de ses habitants jugés trop noirs!), partie sombre de sa vie et bien sûr sujet à toutes sortes de spéculations. Mais il fut aussi, et là dans le désordre, joueur de polo, pilote automobile, pilote d'avion, amant infatigable ( on dit qu'il éjaculait rarement pour se préserver), noceur, buveur, cinq fois maris, chasseur de dot ( il épousa deux richissimes américaines ... pour leur argent disait-on ... et fut marié avec l'une d'elle à peine un peu plus d'un mois), beau mâle faisant craquer la gente féminine à coup sûr. Avec un tel pedigree, il y a de quoi garnir les plus de 400 pages du livre... enfin à priori, car pour moi le résultat est plutôt mitigé.
Tout au long de la cinquantaine de chapitres, on s'aperçoit bien vite que reconstituer la vie bouillonnante de cet homme n'est pas aisé. Il n'a pas laissé de journal intime, les bios qui lui ont été consacrées ( surtout en langue espagnole) sont souvent peu fiables. Il ne reste que les nombreux articles de presse, essentiellement trouvés dans la rubrique mondaine, pour reconstituer une vie qui n'a pas été qu'une suite de cocktails ou de soirées costumées. L'auteur ne manque pas de nous narrer de façon assez sautillante ses recherches fructueuses ou pas. Et comme il n'y a pas énormément de choses à se mettre sous la dent, il brode. Beaucoup de personnages croisés ( toujours des inconnus) sont resitués méticuleusement, avec sa cohorte d'autres noms qui n'évoquent rien à personne. Le livre croule sous cette sorte d'annuaire un peu bourratif. Cédric Meletta essaie toutefois de mettre de l'humour, de la légèreté dans tout cela, en jouant à décaler son propos, à lui donner une touche branchée, moderne, en louvoyant entre les époques. Mais tout cela m'a paru fort long et pas vraiment passionnant. Bien sûr, il fait revivre toute une époque de jet-setters, mélange de milliardaires, de célébrités, de demi mondaines, de filles faciles, de putes et de maquerelles et ce jusqu'à la nausée. Là, au milieu de ce milieu, Rubirosa slalome, toujours bronzé, sans doute un sourire éclatant, prêt à honorer la première venue et à se faire un peu de blé qu'il dépense sans compter. Il pourrait être détestable, il ne l'est pas. L'auteur arrive même à nous le rendre pathétique dans les dernières années de sa vie sans qu'on le sente venir... Pourtant, il apparaît bien que cet homme gardera toujours son mystère, ses secrets...
On sort un peu frustré de cette lecture où la matière première est résolument fascinante mais, garde encore, et sûrement pour toujours, beaucoup de zones d'ombre que même le plus malicieux et le plus méticuleux des biographes n'arrive pas à cerner.
Merci au site BABELIO et aux éditions Séguier pour cette lecture !
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