"Un couteau dans le cœur" possède la panoplie complète des éléments indispensables à tout film français qui veut faire bander le critique branché. En premier lieu, il faut un relativement jeune réalisateur, déjà auteur de quelques courts-métrages remarqués et dont le premier long a marqué les esprits à défaut d'avoir trouvé un réel succès public. Ici Yann Gonzalez dont "Les rencontres d'après minuit", sorte de partouze au romantisme artificiel, avait à l'époque suffisamment intrigué pour que l'on soit à l'affût d'un second opus. Quand s'annonce ce nouveau long avec en tête d'affiche une star incontestée et incontestable comme Vanessa Paradis ( surement la caution bankable pour les producteurs), l'intérêt grandit. Quand le synopsis nous apprend que nous aurons droit aux amours tumultueuses et lesbiennes d'une productrice alcoolique spécialisée dans le porno gay, le monde du cinéma n'a plus besoin de viagra, le désir est là ! Les festivals tentent de programmer la chose mais c'est le prestigieux Cannes qui attrape le pompon et le place en sélection officielle.
Au milieu d'un festival un peu plan plan et en comptant désormais sur l'effet "cocorico" qui ne sévit pas qu'au foot, le film, nanti d'un semi-remorque de références cinéphiliques, trouve un écho certain dans la presse qui tresse vaille que vaille des louanges ayant toutefois un peu de mal à masquer le possible ratage de l'entreprise.
A l'arrivée que trouve-t-on ? Un film original, car étrange, hybride, mélange de polar onirique et de drame amoureux. Les deux thèmes, mal scénarisés, nous indiffèrent bien vite. Des images esthétisantes rappellent les balbutiements des premiers clips vidéos de chanteurs branchés dans les années 80 ( type Axel Bauer) ou des expérimentations qui nous renvoient à des univers plus radicaux. La musique hésite à singer la fin des années 70 même si l'on reconnaît à un moment l'intro des " Oiseaux de Thaïlande" de Ringo ( Volontaire ? Involontaire? ). L'univers du porno gay se réduit à de ridicules scénettes, hésitant entre l'amour romantique entre jeunes garçons et pantalonnade grotesque genre Michou. Je préviens les bonnes âmes religieuses qui vont souvent voir en cachette ce genre de productions, on ne voit pas un sexe, à peine une fesse. La partie polar s'enfonce dans un onirisme rasoir dont surnage quand même l'apparition de la toujours subtile Romane Bohringer et se termine par une symbolique aussi légère que David Douillet portant toutes les pièces jaunes sur son dos et laisse le spectateur vaguement pensif. Dans ce gloubiboulga ( très années 70 non ? ) nagent deux comédiennes. L'une, Kate Moran, sans doute castée pour correspondre à l'image des mauvaises comédiennes jouant dans les giallos ( films Z italiens mêlant violence et érotisme) dont le film s'amuse à faire référence, ne risquait pas le prix d'interprétation, et l'autre, Vanessa Paradis, coiffure péroxydée, dialogues surécrits, arrive à n'être ni ridicule, ni décevante, signe qu'une vraie grande star se déjoue de tous les pièges.
Vous cherchiez peut être une alternative à la coupe du monde de foot ? Pas certain que "Un couteau dans le cœur" soit un bon plan...sauf à être vraiment attiré par les curiosités ( car c'en est vraiment une !) ou à être un inconditionnel de Vanessa. ( ou de Nicolas Maury...qui fait du Nicolas Maury).
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