Dans la horde de romans aux sujets les plus divers mais souvent faits pour en mettre plein la vue ou tout du moins le faire croire, " Partiellement nuageux" joue sa partition, le nez dans les nuages mais surtout l'écriture au coeur d'un texte qui touche au plus profond par sa délicatesse et sa sensibilité.
Nous sommes au Chili. Ernesto, observe le ciel mais ce jour là, il abandonne Walter ( c'est le nom de son télescope ) pour aller à Santiago négocier auprès de l'administration une pièce détachée pour sa lunette astronomique. Il profite de son passage dans la capitale pour aller au musée de la Mémoire. Là, il peut regarder le portrait de Paulina dans la salle des disparus. C'est un premier nuage que pose l'auteur dans ce ciel pourtant plus limpide qu'ailleurs, un nuage que seuls perçoivent les rescapés d'une dictature... Et dans cette même salle, va apparaître une femme, qui elle aussi, sans doute, vient penser à un membre de sa famille. Ils vont échanger quelques mots anodins puis repartir chacun de leur côté. Pour ces deux êtres que l'on devine tout suite comme solitaires, ce moment s'insinuera dans leur vie jusqu'à se recroiser une deuxième fois et entamer une balade qui ouvrira d'autres horizons qui pourraient peut être éclaircir leur ciel encore partiellement nuageux.
En 138 pages, faussement simples, Antoine Choplin distille un petit bonheur de lecture qui nous fait autant voyager qu'imaginer de grandioses paysages et découvrir une rencontre où chaque geste, chaque main qui se touche, nous apportent un flot d'émotions et de sensualité. Un chat qui se glisse entre les jambes et c'est la chaleur animale qui passe, une boîte de sardines étalées sur du pain de la veille fait figure de festin, une danse au milieu de statues Mapuche nous foudroie de désir, le vent, la mer, caressent et ébouriffent des sentiments qui ont du mal à s'exprimer, à naître. Et pourtant, les nuages stagnent inexorablement dans les esprits. Et pourtant, cet homme et cette femme ne vont cesser d'essayer de se découvrir parce que la vie finit par être un peu plus forte que le voile noir du passé. C'est limpide comme les cieux chiliens, sensuel comme la caresse du vent dans les cheveux, chaud comme le soleil qui réchauffe les corps après une nuit fraîche, simple comme une main qui s'accroche à un bras. C'est tout simplement... BEAU !
J'apprécie beaucoup Choplin et je note celui-ci qui n'est pas encore à la bib
RépondreSupprimer